Et la Chine?
La Chine! Là est la question. Compte tenu de son poids et de son goût historique pour la patience et les stratégies à long terme, elle ne condamnera la Russie que du bout des lèvres, sachant que ce conflit mobilise l’attention et les ressources des Occidentaux et que Poutine, isolé, devra trouver des alliés.
Alors que l’Occident agite son bouquet de sanctions, la Chine, elle, prépare les Fourches caudines sous lesquelles Poutine devra ramper pour bénéficier de son aide. Elle la lui accordera au compte-gouttes, histoire de lui garder la tête hors de l’eau, mais tout juste, afin de prolonger cette situation qui la pose en arbitre. On verra croître les dissensions entre les 27 qui mettront un peu plus à jour les faiblesses de l’OTAN et celles des USA sous la houlette de son vieux démocrate chancelant. Avec à la clef, une mainmise toute pacifique sur les ressources énergétiques russes qui la propulseront à la place de numéro 1 tant convoitée. Tout ceci en temps réel sous les yeux du bon peuple souverain qui réclamera justice à tort et à travers dans un mortal kombat entre vaches sacrées, ne s’accordant que pour refuser de sacrifier une once de son confort ou pour accuser gouvernements et médias de ce que le bon peuple fait très bien tout seul avec ses réseaux: réclamer clarté et transparence à grands cris d’une main tout en semant la confusion et l’anxiété de l’autre.
Le sifflet semble bien vissé sur la cocotte sous laquelle Poutine, tout à ses ambitions de marquer l’histoire russe, vient d’allumer le feu et répète déjà l’hymne favori des autocrates, un martial «cocorico» qui retentira bien avant que rien ne le justifie et jusqu’à ce que l’aide consentie par la Chine lui revienne dans les dents.
John Gutwirth,
Genève