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Ecologie et politique

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Tant d’ambiguïtés cernent la notion d’écologie! Parle-t-on d’une discipline scientifique complexe et austère, fondée par Ernst Haeckel en 1866, d’un mouvement politique hypervariable et désordonné, ou d’un mode de vie en harmonie avec l’environnement que certain·es tentent d’appliquer et parfois de diffuser? Les trois, bien sûr, mais en les mélangeant de manières peu pertinentes. En leur ajoutant aussi, trop souvent, des dimensions idéologiques, morales ou égotistes qui n’ont rien à y faire.

L’écologie scientifique poursuit un développement discret et lent, pour cause de complexité, de difficultés de mesures et d’insuffisance de l’information disponible. On n’en parle guère que de façon caricaturale, quand elle contribue à faire semblant d’expliquer des catastrophes. Pangolins et chauve-souris en ont fait les frais en matière de Covid, avec des généralisations aussi hâtives que douteuses sur la viande de brousse ou l’agriculture. Le mouvement écologiste politique est handicapé par son absence de cohérence. Mais aussi, et surtout, par l’impossibilité de penser et de communiquer sur le fond dans le monde néolibéral actuel.

Ce fond est pourtant simple, établi sur des bases scientifiques et des observations incontestables: la croissance démographique et surtout la croissance économique actuelle, nécessaire au capitalisme financier, nous mènent dans une impasse en détruisant ou en consommant trop et trop vite des ressources épuisables indispensables, en polluant l’air, les mers et les sols, et en contribuant à un réchauffement climatique catastrophique. En même temps, les lobbies économiques internationaux et nationaux contrôlent l’information et les médias dans presque tous les pays, totalitaires ou même prétendument démocratiques. Pour y répandre le paradigme thatchérien selon lequel «il n’y a pas d’alternative!»

Pas d’alternative au capitalisme financier international qui, joint aux nationalismes égoïstes, nous mène dans le mur à court terme, tant par ses destructions que par les guerres absurdes qu’il provoque. Se positionner contre le capitalisme financier, pour prévenir ses méfaits démontrés, est donc un préalable à toute pensée écologique rationnelle. Ce qui implique aussi de lui trouver une alternative viable, qui reste à découvrir, et de la communiquer, quand tous les médias appartiennent à l’ennemi et censurent les démarches alternatives.

Pire, le greenwashing assène au quotidien des mensonges aussi énormes que celui de la Commission européenne qui qualifie de vertes, c’est-à-dire renouvelables, des énergies comme le nucléaire et le gaz, qui dépendent de matières épuisables, dont la première laisse en outre des déchets dangereux ingérables et la seconde contribue massivement à l’effet de serre. Une telle décision signifie juste la victoire des lobbies nucléaire et gazier sur ceux du pétrole et du charbon.

Dans un tel monde, l’écologie politique, en mal de solutions concrètes et réalisables, a le choix entre la marginalisation en groupuscules et le compromis avec l’ennemi dans l’espoir d’influencer ses pouvoirs et de squatter ses médias pour communiquer. Ce qui rappelle, bien sûr, l’histoire de la social-démocratie et ses compromissions, selon les cas, avec un capitalisme inhumain ou avec des dérives autoritaires monstrueuses.

Les grands principes qui permettraient un avenir moins mauvais sont pourtant assez simples. En finir d’abord avec le mythe stupide de la «main invisible du marché», qui permet à n’importe qui de faire n’importe quoi sous prétexte qu’elle finira par tout optimiser. En finir avec l’apologie de la compétition et ses effets sur la concentration des richesses, l’accaparement des biens, des outils de production ou l’exploitation honteuse du travail des pauvres. Cesser le sabotage des biens communs que sont, ou que devraient être, les océans, les rivières, l’air, les sols ou les forêts, l’éducation ou la santé. Développer l’empathie et les coopérations plutôt que la haine et les affrontements, réels ou symboliques.

Faute de la vivre, on peut rêver l’écologie politique…

* Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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