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Une réforme mesquine

Eddie Lacombe conteste le contenu de la nouvelle réforme de l’AVS.
Retraites

Le 17 décembre, la réforme de l’AVS a été adoptée par le parlement à Berne. Le crime était presque parfait, avec pour auteur la majorité bourgeoise et une motivation toute libérale à vouloir limiter ou réduire les prestations sociales sans en comprendre la nécessité. Une réforme qui, imposée avec une rigueur toute mesquine, offre au passage un beau cadeau de Noël aux femmes de Suisse avec un âge de la retraite dorénavant fixé à 65 ans.

Femmes de ce pays, vous souhaitez prendre une retraite anticipée bien méritée, vous n’aurez qu’à subir des pénalités salées. Vous avez dû partager une vie familiale bien occupée avec une vie professionnelle. Celle-ci est parfois difficile, avec des salaires qui demeurent souvent bien inférieurs à ceux des hommes.

Avec l’AVS, il y a une obstination toute libérale à vouloir toujours baser le problème uniquement sur le nombre de cotisants pour imposer l’âge de retraite à 65 ans (avec au passage une augmentation de 4% de la TVA), puis dans un futur proche à 67 ans, avec une réduction des rentes selon l’initiative des jeunes Vert’libéraux. En plus d’être injuste, cette initiative est une aberration qui ne résoudra pas le financement de l’AVS. Que dire de l’économie comme de la finance, ne portent-elles pas une part de responsabilité dans le déficit du financement de l’AVS?

L’encouragement de la pratique du sous-emploi lié au travail temporaire et partiel conduit à des petits salaires avec des cotisations AVS réduites. Sans compter les licenciements pour faire des «économies» avec au passage la délocalisation d’usines ou l’externalisation des services. Pour les sociétés à actionnariat, les prélèvements des assurances sociales réduisent d’autant les versements de dividendes: une véritable frustration pour les actionnaires. Sans oublier les possibilités illimitées des technologies futures de l’intelligence artificielle (AI) qui leur promettent un avenir radieux. Des machines et robots qui pourront se substituer au travail de femmes et de hommes, avec le supposé bénéfice de ne pas devoir contribuer aux assurances sociales.

La précarité de nombreux rentiers AVS en Suisse montre déjà l’échec du système actuel de retraite qui n’atteint pas l’objectif gravé dans la Constitution: apporter à tous un revenu qui puisse couvrir les charges obligatoires. Il nous faudra chercher un financement pour cette assurance, car il s’agit bien d’une nécessité sociale vitale. La BNS qui se repose sur un matelas de bientôt 100 milliards, devra tôt ou tard passer à la caisse. La part congrue du gâteau de la prospérité suisse distribuée à ceux d’en bas se doit d’augmenter! Est-ce ainsi qu’on récompense celles et ceux qui par leur travail ont contribué à la richesse des entreprises?

Eddie Lacombe, Chêne-Bougeries (GE)

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