La COP est dans les rues
Le compromis a marqué la COP26. Samedi, lors des derniers échanges, plusieurs pays ont déclaré qu’ils n’acceptaient d’ultimes amendements que dans cet esprit-là. Ils se sont accrochés à une déclaration finale peu engageante pour ne pas rentrer chez eux bredouilles, car les peuples attendent du concret. Or, la science le montre, le GIEC le rappelle, les jeunes le martèlent dans les rues: face à l’urgence, le temps n’est plus aux semi-compromis.
Le sommet de Glasgow est un échec face à la catastrophe annoncée. Les pays insulaires en sont les plus conscients: les Maldives, Fiji ou encore la Barbade ont tous relevé que de timides avancées marqueraient la fin de leur existence. Les engagements actuels des Etats nous condamnent à 1,8-2, 4° C de réchauffement global, selon les expert•es.
La COP26 nous a rappelé•es à quel point nous étions en retard. Puisque c’est la première fois que les termes «énergies fossiles» figurent dans une déclaration. Et non pas pour en sortir, mais juste en «diminuer» l’usage, selon les changements de dernière minute de l’Inde et de la Chine. Reste que la fin de l’ère du charbon est actée.
John Kerry a promis, après de vives inquiétudes du Gabon, que son pays sera là pour aider. Peut-on faire confiance aux Etats-Unis, l’un des plus gros pollueurs par habitant? Rappelons qu’à une élection près, le pays n’aurait peut-être pas été présent.
Les Etats riches ne reconnaissent que peu leurs responsabilités et ne sont pas suffisamment solidaires. Leur dette climatique n’est pas assumée. Le fossé entre le Nord et le Sud se creuse. Les 100 milliards par an promis dès 2020 pour aider les pays du Sud à s’adapter et à réduire leurs émissions n’arriveront pas avant 2023.
Grâce à l’insistance des pays émergents, le Nord a accepté de doubler d’ici à 2025 l’aide consacrée à un changement climatique déjà là pour le Sud, sans préciser toutefois comment cette aide leur parviendrait. L’attitude des pays riches montre un manque de solidarité et de sincérité encore plus flagrant après des mois de pandémie, où ces mêmes Etats ont montré un fort degré de nationalisme vaccinal.
Pourtant, baisser les bras, être pessimistes, ne nous est pas permis. Certes, les Etats ne sont pas suffisamment proactifs, les traités internationaux ne mettent que peu de pression. Mais les villes, tendanciellement plus progressistes, pourraient agir plus rapidement et plus concrètement. Elles ont un avantage de taille: la légitimité démocratique. Elles doivent mettre les bouchées doubles. Il faudra toutefois veiller à ce que leurs politiques climatiques ne soient pas anti-sociales.
Une chose est sûre: la pression de la population, surtout de la jeunesse, est la seule qui fera avancer les choses. La vraie COP se trouve là.