Une grève populaire du climat
Faute de pouvoir participer aux manifestations pour dénoncer avec la jeunesse que «la planète brûle», leurs aîné·es constatent écœuré·es l’indifférence des Etats, la répressions contre les manifestante·s, et la poursuite dans l’indifférence du productivisme capitaliste, malgré les ravages qui en découlent.
Le ciel qui, au début de la pandémie, était débarrassé des traînées de jets est de nouveau zébré de polluants. La circulation de cargos et de paquebots de croisière a repris de plus belle. Le bétonnage omniprésent recommence à émettre son CO2. Le marché des voitures envahit les salons, les rues et les pubs. L’aventure nucléaire que l’on croyait abandonnée repart, avec la complicité cynique des Etats, pour soi-disant réduire les émissions de gaz à effet de serre, omettant de résoudre ses risques et l’impasse des déchets radioactifs qu’elle produit.
La croissance contre la planète est repartie au pas de charge alors que les catastrophes, les famines et les guerres menacent plus que jamais l’humanité. C’est que l’industrie capitaliste reste sourde aux alertes dénoncées tant par les chercheurs et les chercheuses du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) que par la jeunesse qui se mobilise massivement pour dénoncer ce funeste «retour à la normale».
L’impasse actuelle découle du fait que le système productiviste destructeur de la nature tente par tous les moyens de sauver le plus longtemps possible les avantages économiques d’une minorité cupide. La planète brûle, mais ces pompiers pyromanes attisent l’incendie pour prouver qu’ils sont les maîtres du monde et veulent le rester, quoi qu’il en coûtera aux populations. Leurs boniments à coup de voitures propres, de taxes carbone, d’énergies décarbonées ne trompent que les naïfs.
Comment éradiquer une fois pour toutes ce système économique aberrant? Les audacieux·ses zadistes du Mormont l’ont tenté, mais l’ont payé cher en peines de prison et en amendes sans réussir à faire plier le cimentier Holcim. Partout dans le monde, les manifestant·es sont réprimé·es, traîné·es en justice et frappé·es de lourdes amendes.
Face à ce constat d’impuissance, ne faudrait-il pas appeler la population adulte à s’associer aux jeunes en boycottant, par exemple, les transports, les achats et les départs à l’étranger? Des journées de grèves reconductibles ne permettraient-elle pas de briser l’apathie des Etats et l’arrogance du patronat face à l’urgence climatique?
François Iselin,
architecte retraité, Epalinges (VD).