Édito

Bagnes. sans barreaux mais avec jaccuzi

Bagnes. sans barreaux mais avec Spa
KEYSTONE/Jean-Christophe Bott
Valais

Entre 2012 et 2016, la commune de Bagnes a rendu une avalanche de décisions de construire illicites, soit 289 dossiers sur 1267. Les trois quarts concernent la station huppée de Verbier.
En cause, un règlement communal qui ne comptait pas les sous-sols dans la densité constructible. Résultat, les bureaux d’architectes et autres promoteurs ont fait fructifier leurs affaires en multipliant les SPA, piscines et autres salles de cinéma sans respecter la loi cantonale, ni même le Tribunal fédéral qui avait jugé en 2012 ce règlement non conforme. Ce scandale questionne aussi l’autorité de surveillance qu’est le canton du Valais, puisqu’il avait validé ce règlement.

Comme souvent, l’affaire est apparue au grand jour grâce à un lanceur d’alerte, un employé communal viré sous un prétexte fallacieux. La justice a toutefois lavé son honneur en reconnaissant le lien de cause à effet et en condamnant pour faux dans les titres l’ancien président de la commune et l’ancien secrétaire communal – un recours a été annoncé. Ces deux personnes ainsi que trois autres élus sont, pour ce qui concerne le fond de l’affaire, poursuivis pour gestion déloyale des intérêts publics.

Au pays du fait accompli, ces violations n’ont débouché sur aucune pièce murée ou démolition de chalet. Pour régulariser les situations, des chambres sont certes devenues des réduits. Des transformations assez lourdes ont certes parfois été demandées. Mais il aura aussi simplement suffi à des résidences secondaires de se transformer en résidences principales. Mieux, rien n’a changé dans la plupart des cas du seul fait que la législation autorise désormais des pratiques hier illicites.

Notons quand même que 56 amendes, pour plusieurs centaines de milliers de francs, ont été prononcées dans les cas où les constructions n’étaient pas conformes aux plans autorisés. La douloureuse a alors été partagée entre propriétaires et architectes. Il s’agit souvent des mêmes bureaux, la plupart installés à Verbier. Gageons que les amendes restent moins salées que les profits réalisés? Un encouragement à de nouvelles acrobaties réglementaires?

Opinions Édito Rachad Armanios Valais

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