Édito

Référendum trompeur

Référendum trompeur
Sans les mesures d’urgence du Conseil fédéral dans le cadre de la crise Covid–19, bien des médias auraient mis la clef sous la porte. KEYSTONE
Médias

Après le comité référendaire qui a lancé la récolte de signatures la semaine passée, l’allumage du deuxième étage de la fusée a eu lieu ce mardi. C’est un comité interpartis parlementaire «Non au train de mesures en faveur des médias» qui a donné de la voix.

Pour l’heure, il est constitué de manière écrasante d’élu·es – ou d’ex-élu·es – alémaniques et udécistes. Mais l’on observe d’ores et déjà quelques prises de guerre, avec des PLR ou des parlementaires du Parti du centre qui se joignent à ce douteux combat.

Avec l’argument que l’extension de l’aide indirecte à la presse – l’augmentation de l’enveloppe permettant de financer une partie du portage des journaux – et l’introduction de l’aide directe – notamment en soutenant les petits titres dans leur mutation Internet – menaceraient l’indépendance des médias. En revanche, ni la prédominance des intérêts économiques sur ces titres ni leur hyper concentration ne les gênent. Or il y a le feu au lac. Sans les mesures d’urgence du Conseil fédéral dans le cadre de la crise Covid–19, bien des médias auraient mis la clef sous la porte.

Le référendum va être compliqué à contrer. Le discours tenu par les référendaires a été celui des éditeurs et même d’une partie de la profession. Parfois quelques mois encore avant que leur titre ne disparaisse…

Pour l’heure, on ne peut qu’inviter les lectrices et lecteurs du Courrier à ne pas se laisser embobiner par l’argumentation trompeuse des opposant·es à la loi sur l’aide aux médias. Ce référendum ne vise qu’une chose: favoriser des situations de quasi-monopole des grands éditeurs. Il est contraire aux intérêts des personnes soucieuses de débat démocratique et de diversité des opinions. Le mieux serait qu’il finisse à la trappe.

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