Édito

Objectif arc-en-ciel

Objectif arc-en-ciel
Des supporters et supportrices se dirigent vers le stade de Munich, mercredi 23 juin 2021, lors de l'Euro. KEYSTONE
Homophobie

La Hongrie s’est retrouvée jeudi face à un tir de barrage lors du sommet des chef·fes d’Etat de l’Union européenne qui se tient à Bruxelles. En cause, une législation homophobe voulue par le régime d’extrême droite de Viktor Orbán. Elle a provoqué un tollé ainsi qu’une réaction musclée signée par dix-sept pays.

Les dispositions critiquées assimilent l’homosexualité à la pédophilie, bloquent les programmes de lutte contre les discriminations et proscrivent une éducation sexuelle permettant de prévenir les attaques contre les minorités de genres. La loi critiquée est sans doute illégale au regard du droit supérieur. Et peut-être même des dispositions constitutionnelles hongroises. C’est que le but est probablement ailleurs: flatter dans le sens du poil un électorat sensible aux thèses d’extrême droite. Soyons donc un brin modestes. Ce genre de méthodes n’est pas réservé aux régimes fascisants. On a vu en Suisse des partis populistes tenir, par voie de placards électoraux, des propos largement aussi choquants. Rappelons-nous aussi les polémiques indignes en France lors du débat autour du mariage pour toutes et pour tous. On relèvera en passant la pusillanimité de l’UEFA qui a bloqué une initiative sympathique qui aurait consisté, dans le cadre de l’Euro, à illuminer le stade de Munich accueillant la rencontre Allemagne-Hongrie aux couleurs arc-en-ciel. Trop politique pour la multinationale du ballon rond. Il est vrai que le monde du foot s’est rarement distingué par son progressisme et ne rechigne pas à frayer avec des pays violant allégrement les droits humains, tant qu’il y a quelque bénéfice financier à en retirer.

La bonne nouvelle reste que, au niveau des gouvernements européens, il s’est trouvé dix-sept pays pour signer une missive salée à l’intention de Viktor Orbán et de sa clique. Les mentalités évoluent et c’est heureux. Peut-être aussi parce que l’effondrement civilisationnel brandi par les plus exaltés des tenants d’une politique discriminatoire à l’égard des minorités sexuelles n’a pas eu lieu.

A la rentrée, les Suissesses et les Suisses voteront enfin sur une version helvétique du mariage pour toutes et pour tous. Et si la roue avait suffisamment tourné pour que cette campagne ne soit qu’une formalité joyeuse? Un blanc-seing à une société plus égalitaire, plus respectueuse et moins patriarcale. Rêvons un peu, cet objectif semble à portée.

Opinions Édito Philippe Bach Homophobie

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