Climat: l’heure de vérité sonne
La nature a les moyens de s’en tirer, pour l’espèce humaine c’est moins certain. Une version provisoire mais qui ne devrait plus guère évoluer du rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a fuité mercredi. Le document tient de l’avertisseur d’incendie cher à Walter Benjamin.
Outre le ton nettement plus inquiet pour ne pas dire catastrophiste que dans les précédentes moutures des travaux du Giec, ce document de 4000 pages fixe des objectifs plus urgents. L’accord de Paris prévoyait une limitation à 2 degrés – si possible 1,5 degré – en termes de réchauffement climatique. En l’occurrence, relève le Giec, c’est bien la limite basse qui doit servir de curseur. Un dépassement de ce seuil aurait «progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles». Les mauvaises récoltes se multiplient déjà depuis cinquante ans. Quelque 180 millions de personnes supplémentaires vont se retrouver au bord de la malnutrition. La moitié de la population mondiale est en situation d’insécurité en ce qui concerne l’approvisionnement en eau. Et le relèvement du niveau des mers menace 10% des habitant·es de la planète.
Bref, le ton est alarmiste. Il faut dire que le dernier sommet, la COP 25 de Madrid en 2019, avait été un échec. Et les négociations actuelles patinent. Ce qui explique sans doute aussi la fuite de mercredi.
Ce cri d’alarme des expert·es scientifiques contraste avec l’actualité nationale de ces dernières semaines. Les Suisses se sont laissé·es emberlificoter par le discours climato-négationniste des milieux économiques et de l’extrême droite udéciste, largement étendu au centre-droite.
Deuxième pied de nez de l’actualité: par un heureux hasard, les militant·es climatiques ont manifesté ce mercredi devant le Tribunal fédéral. Ce dernier avait en effet refusé, le 26 mai dernier, l’octroi de l’état de nécessité qui avait vu des juges de deuxième instance acquitter des jeunes activistes ayant joué une partie de tennis dans le hall de Crédit Suisse à Lausanne.
Cela montre simplement qu’il ne faut pas trop compter sur les garants de la légalité pour une jurisprudence progressiste. Cela se saurait, soit dit en passant, si Mon Repos était capable de gestes aussi visionnaires.
Le salut est bien à attendre du côté du mouvement social.