Entre objets nationaux et polémiques sur la Cité de la musique en Ville de Genève, on en oublierait presque que le canton doit aussi voter le 13 juin sur un déclassement de terrains agricoles. Ceci, afin de construire à Bernex un Cycle d’orientation, un centre de formation pour la santé et le social et des services communaux sur une parcelle, dite de la Goutte de Saint-Mathieu, enclavée entre un chantier de logements, la route de Chancy et une brettelle d’autoroute.

Le peuple genevois doit donc se prononcer sur la construction d’équipements publics dans une région en pleine expansion. Au Grand Conseil, ce déclassement prévu de longue date n’a ainsi que peu été contesté. Seulement par l’UDC, qui a ensuite lancé un referendum au côté d’associations, au nom de la défense de la zone agricole.

Alors certes, celle-ci a fortement diminué ces dernières décennies et on a atteint la limite de l’exercice. De nombreuses voix crient ainsi, à raison, «ça suffit!» Mais s’opposer à ce projet en particulier, c’est se tromper de cible.

D’une part parce que ce Cycle d’orientation est absolument nécessaire. Le Vuillonnex voisin déborde déjà (des containers doivent être installés pour servir de classes additionnelles) et des milliers de jeunes supplémentaires vont affluer ces prochaines années au Secondaire I. Quant aux domaines de la santé et du social, il leur faut un véritable bâtiment pour former d’avantages de professionnel·les alors que les besoins vont croissants.

En terme de développement cantonal, ériger un centre de formation pouvant recevoir 1800 étudiant·es dans une municipalité suburbaine très bien desservie en terme de mobilité (tram et sortie d’autoroute) fait aussi sens. Pour éviter de construire des cités dortoirs, d’une part. Mais aussi pour décentraliser l’activité de Genève et donner de l’air au cœur de la cité. Pour la commune de Bernex, qui va accueillir de nombreux nouveaux habitants et habitantes ces prochaines années, il s’agit également d’une aubaine en termes d’équipements et de création d’emplois, qui amélioreront les finances communales.

Ce qui dérange aussi, c’est que le déclassement de milliers de mètres carrés aux alentours pour y construire des logements est passé sans grande opposition mais que la construction d’écoles complétant le dispositif se voit aujourd’hui attaquée. Ce referendum laisse ainsi la désagréable impression que certain·es sont prêt·es à sacrifier, pour de nombreuses années du moins, les conditions d’études de milliers de jeunes afin de lancer un message contre la politique d’aménagement du canton.