On nous écrit

Pour une politique climatique suisse forte!

Bien que «peu ambitieuse», la loi CO2 soumise aux urnes le 13 juin permettra «d’aller de l’avant», selon Yvonne Winteler, d’Alliance climatique Suisse, qui plaide en faveur du «oui».
Votation

Si une fée m’accordait un vœu, je lui demanderais la loi CO2 parfaite – elle contiendrait des mesures fortes pour rendre la finance compatible [avec la limitation du réchauffement planétaire à] 1,5°C, une interdiction de la vente des voitures à essence dès 2030, une reconversion à l’agriculture biologique et des aides pour les personnes dont l’emploi serait supprimé à cause d’une mesure climatique.

Hélas, je n’ai pas encore rencontré cette fée. A la place, on nous propose un long processus digne de la démocratie suisse: une loi CO2 peu ambitieuse, écrite par le Conseil fédéral en 2015, mise en consultation en 2016, retoquée par les Verts au Conseil national en 2018, repêchée par le Conseil des Etats en 2019 et attaquée par un referendum du lobby pétrolier en 2021… Heureusement, le Conseil des Etats y a ajouté quelques mesures phare, comme l’interdiction des ventes de nouveaux chauffages à mazout et à gaz dès 2023 ou la taxe billet d’avion.

La loi CO2 est-elle antisociale? Non, c’est une loi incitative basée sur des taxes, qui respecte le principe du pollueur-payeur: les ménages aisés qui n’ont pas fait l’effort d’adapter leur mode de vie vont payer le plus de taxes sur leurs multiples voyages en avion et leur grande villa mal isolée. Grâce aux rabais accordées sur l’assurance maladie, ces taxes n’impacteront que très peu le budget des ménages à moyens modestes.

Ma fée n’existe pas, et c’est sans doute mieux pour la démocratie. L’écologie ne s’impose pas, elle doit passer d’abord par une reconversion des esprits et des cœurs. C’est pourquoi je vous appelle tou·tes à voter «oui» à la loi CO2, celle qui est là, sur la table pour nous, le 13 juin.

Si les lobbys anti-climat devaient gagner cette votation avec un petit coup de pouce des écologistes de gauche, alors la politique climatique suisse serait bloquée pour des années. L’UDC crierait victoire, et demanderait une loi sans aucune mesure contraignante, basée uniquement sur des achats de permis de polluer à l’étranger.

Après un «oui» fort dans les urnes, nous pourrons aller de l’avant pour la suite – l’Alliance climatique a déjà lancé un groupe de travail pour réfléchir à une initiative parlementaire ou populaire pour une place financière compatible avec le climat. La politique agricole est aussi sur la table pour 2022, et l’Association transports et environnement (ATE) s’engage pour une mobilité sans carburants fossiles dans les meilleurs délais.

Alors au nom du climat, je vous invite à serrer votre poing gauche dans la poche, et à inscrire un «oui» pour la loi CO2 sur votre bulletin de vote!

Yvonne Winteler,
Coprésidente d’Alliance climatique Suisse.

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