Salutaire convergence des luttes
Une convergence bienvenue. La Grève pour l’avenir, agendée pour le 21 mai prochain, a présenté lundi son cahier de revendications signé conjointement par les activistes du climat et les syndicats, parties prenantes de ce mouvement social.
Une excellente nouvelle, et qui coule de source. Les urgences, qu’elles soient environnementales ou sociales, ne s’opposent pas. Elles sont en fait des facettes d’un même problème. La foi aveugle dans la main invisible du marché nous conduit non pas dans une impasse mais plutôt vers un abîme. La crise du Covid-19 est venue accentuer – jusqu’à la caricature – cette absurdité. Avec des dizaines de milliers des gens poussés vers la pauvreté tandis que les plus riches le sont devenus encore plus. Les crises permettent de concentrer l’outil de production.
Ce mardi, précisément, est aussi celui du jour du dépassement. Celui où la Suisse aura consommé sa part de ressources biologiques que la planète est capable de renouveler en une année. A partir de mardi, on tape dans les stocks. Il faudrait 2,8 planètes si tout le monde avait notre mode de vie. Et 5 Terres si la toise mondiale était placée à la hauteur de la consommation étasunienne.
La réponse à cette réalité coule de source. Il nous faudra, toutes et tous vivre autrement. Consommer moins mais peut-être vivre mieux. Et cela ne peut se faire qu’en partageant les richesses produites, se passer du superflu pour permettre à celles et ceux qui n’ont rien ou si peu de vivre dignement. Dans nos pays riches, mais aussi dans une perspective de rapports Nord-Sud plus égalitaires.
Cela passe par des mécanismes de redistribution. Mais pas seulement. D’autres leviers doivent être actionnés. Par exemple, le partage du travail et la réduction du temps consacré au labeur. Un garant de l’autonomie sociale. Si on ne court plus après le temps, on a de nouveau la possibilité d’assumer des tâches qui sont aujourd’hui marchandisées. S’occuper de ses enfants, par exemple, de son ménage, bêcher son potager plutôt que d’acheter une nourriture de plus en plus industrielle. Et s’investir dans la cité. Car la politique est aussi à réinventer dans une perspective plus horizontale.
En fait, la question est aussi vieille que le mouvement ouvrier. Le cri de ralliement des conseils spartakistes «socialisme ou barbarie» – on fête aussi cette année le 150e anniversaire de la naissance de Rosa Luxemburg – est toujours d’actualité. Il doit simplement être entendu à l’aune de nos réalités du XXIe siècle qui a découvert la finitude de la nature et du monde.