Dans Le Courrier du 12 avril, nous apprenons qu’Antonio Hodgers s’en prend aux opposant.e.s au projet de la Caserne des Vernets. Ils auraient «ouverts la boîte de Pandore» en critiquant cet aménagement. Leur action faciliterait l’objectif actuel de la droite qui vise une diminution importante de la proportion de logements contrôlés par l’Etat (LUP) dans le PAV. A nouveau des contre-­vérités.

1. L’opposition aux Vernets est fondée sur la sur-densification désastreuse du plus beau terrain de l’Etat au PAV, avec notamment l’absence d’espaces publics, une école cernée par des bâtiments hauts (30 à 86 m.), des logements très mal conçus et une négation de l’urbanisme bioclimatique.

Plus de cinquante spécialistes – dont les deux précédents urbanistes cantonaux – ont également réclamé un quartier urbain de qualité. Pourquoi les grands projets de la périphérie – à Plan-les-Ouates, Veyrier, aux Communaux d’Ambilly – ont-ils une densité trois fois inférieure aux Vernets, donc des conditions d’habitat nettement meilleures? Ce déséquilibre doit être corrigé.

2. Revoir le projet des Vernets vise à éliminer les 22 500 m2 de bureaux prévus. Ils n’ont pas leur place sur un terrain de l’Etat aussi propice au logement. De plus, 300 000 m2 de bureaux restent vides depuis longtemps. L’objectif consiste aussi à réduire fortement la part des appartements qui deviendront des loyers libres à court terme, et dont les loyers vont rapidement s’envoler.

Bureaux et loyers libres constituent 45% des constructions prévues aux Vernets: une majeure partie au bénéfice de Swiss Life, connue pour sa politique agressive d’augmentation des loyers.

La possibilité existe donc d’élaborer un projet de qualité destiné aux catégories les plus nombreuses de la population. C’est-à-dire avec les LUP prévus, sachant qu’une partie, ici plus de 25%, sont destinés à la classe moyenne aisée ce qui assure la mixité sociale nécessaire.

3. Enfin, ce quartier monstrueux – paré de toutes les vertus par M. Hodgers – ne servirait qu’à renforcer les oppositions contre tous les futurs projets de logements, nécessaires en raison de l’intense pénurie actuelle. Pour aujourd’hui comme pour demain, le projet des Vernets doit être revu pour assurer une réalisation de qualité au bénéfice du plus grand nombre, avec maintien des LUP. Cela reste d’autant plus indispensable que M. Hodgers entend poursuivre la planification du PAV dans cette même volonté d’entassement de surfaces bâties.

Marc Brunn et Jean-Pierre Fioux,
Genève