Après le verdict, un malaise subsiste
Le policier qui a tiré trois coups de feu sur Hervé Mandundu a été acquitté. Cette affaire était la première des trois cas d’hommes noirs morts entre les mains de la police dans le canton de Vaud. La seule où un policier répondait à une attaque directe et où la question de la légitime défense était au centre du procès.
Alors que le verdict est sans équivoque, un sentiment de malaise subsiste. Après quatre ans de procédure, de nombreuses auditions et expertises, peu d’éléments ont été examinés lors du procès. L’affaire éminemment complexe a été expédiée en un peu plus d’une journée et demi sur les trois jours planifiés au tribunal. Beaucoup de temps a été consacré aux expertises techniques, pour retracer le moment des tirs. Aucune des nombreuses personnes présentes dans l’immeuble n’a été appelée comme témoin à la barre pour apporter sa version des faits. La nouvelle procédure pénale incite certes à entendre les témoins essentiellement lors de l’instruction. Mais dans un dossier aussi délicat, un respect du principe de la transparence aurait mérité d’être priorisé. Il est regrettable de ne pas avoir entendu en procès public le témoignage du premier policier qui a fait face à Hervé brandissant son couteau et qui a décidé de fuir plutôt que de sortir son arme. Ni celui du voisin qui a assisté à la première interaction entre la police et Hervé Mandundu ce soir-là. Ceci malgré les demandes de la partie plaignante.
Les blagues et le ton badin de la présidente lors du procès – où la famille de la victime se retrouvait pour la première fois face au policier jugé pour meurtre – ont contribué à ce sentiment de malaise. Les salutations lancées par l’experte médico-légale Silke Grabherr au policier et à son avocate aussi. Dans l’affaire Mike Ben Peter, sa légitimité a été mise en cause par la partie plaignante à cause de sa proximité supposée avec la police.
Enfin, le choix du procureur lors de son réquisitoire d’accompagner l’abandon des charges par un long plaidoyer en faveur de la légitime défense, déroulant ainsi un tapis rouge à l’avocate du policier, interroge. Au final, le procès met sur la table la question de la capacité du système judiciaire à faire face lorsque c’est la police qui est accusée. Pour lever tout malaise, il serait sans doute utile de réfléchir à ce que ce type d’affaires soit confié à une autorité d’instruction d’un autre canton.