Le blocus des Etats-Unis exercé contre Cuba constitue depuis de trop nombreuses années un acte d’agression visant à soumettre un peuple indépendant. Les administrations étasuniennes ont successivement durci leurs mesures unilatérales, qui ne comportent d’ailleurs pas de mécanismes de recours auprès des instances internationales. Au début des années 1990, les Etats-Unis ont même intensifié les sanctions en leur donnant un caractère extraterritorial, de manière à interdire à toute entité dans le monde de commercer ou de réaliser des transactions financières avec Cuba. Ce système s’impose à tous les pays souhaitant développer des relations d’amitié avec le peuple cubain. Et évidemment, la Suisse n’y échappe pas. Il arrive donc souvent que des virements bancaires en relation avec Cuba soient suspendus sans justification, ce qui peut affecter des projets de coopération ou des retraité-e-s résidant sur l’île.

L’Organisation des Nations unies existe pourtant pour éviter ce genre d’action, maintenir la paix mondiale et prendre des mesures collectives, notamment en garantissant l’égalité entre les nations. En 2019, 187 Etats sur 192 ont réitéré ces engagements fondamentaux en soutenant la dernière résolution en date de l’Assemblée générale des Nations unies pour «mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba, soulignant son caractère illégal et unilatéral». Mais les Etats-Unis s’obstinent à vouloir imposer partout leur volonté, sans comprendre l’aspiration grandissante des populations, en particulier des jeunes, à un monde libéré des agressions militaires, des chantages économiques et des mesures coercitives.

La dernière administration étasunienne a monté d’un cran son hostilité en incluant Cuba dans la liste des Etats «promouvant le terrorisme». Une telle accusation est particulièrement ridicule et injuste car il est de notoriété publique que le gouvernement cubain redouble d’effort en faveur de la paix sur le continent américain et dans le monde. En outre, il ne faut pas oublier que des milliers de Cubain-e-s ont été victimes d’actions terroristes organisées depuis le sol étasunien, ce qui rend cette décision encore plus infâme. Selon l’action judiciaire engagée contre le gouvernement des Etats-Unis, 3478 personnes ont perdu la vie et 2099 ont subi des lésions permanentes. Cette mesure de dernière minute prise par un président sur le départ n’est décidemment qu’un prétexte pour prolonger le plus long blocus de l’histoire contemporaine.

Sa mise en œuvre engendre nécessairement des dommages humains et entrave le développement économique et social de Cuba. En période de crise sanitaire, les pertes économiques se sont élevées à 5 milliards de dollars. Cependant, le peuple cubain continue de résister en remportant de nombreux succès. Les indices du pays démontrent qu’il est parfaitement possible d’atteindre un haut niveau de développement humain avec une faible empreinte carbone. L’expérience cubaine en la matière suscite l’espoir d’une transition écologique compatible avec des droits sociaux avancés et devrait inspirer nos politiques publiques. Dans le domaine de la coopération, l’envoi de médecins dans plus de 40 pays depuis le début de la pandémie est un exemple éclatant. Si les pays développés engageaient autant d’effort que Cuba, de nombreux fléaux pourraient être éradiqués de notre planète.

Le 9 mars dernier, le Conseil national s’est prononcé en faveur d’un engagement plus actif de la Suisse contre le blocus et ses effets négatifs sur la coopération économique avec Cuba. Nous saluons cette initiative et appelons la société civile suisse à 1) exiger la levée immédiate du blocus inhumain que les Etats-Unis infligent à Cuba depuis presque soixante ans; 2) condamner l’inclusion de Cuba dans la liste des pays «promouvant le terrorisme»; 3) soutenir la nomination des Brigades de médecins cubains au Prix Nobel de la paix.