Édito

Un droit de vote aux forceps

Un droit de vote aux forceps
Le 7 février 1971. au terme d’un combat séculaire, les femmes suisses obtenaient enfin le simple droit de vote et d’éligibilité réservé jusque là aux citoyens suisses – masculin non générique. KEYSTONE
Suffrage féminin

«Un jubilé? Une occasion de pleurer, vous voulez dire?» Ce cri du cœur, cette historienne spécialiste des droits des femmes n’est sans doute pas la seule à l’avoir poussé en lien avec la célébration du 7 février. Cinquante ans plus tôt, au terme d’un combat séculaire, les femmes suisses obtenaient enfin le simple droit de vote et d’éligibilité réservé jusque là aux citoyens suisses – masculin non générique. A l’approche du 50e anniversaire du suffrage féminin, nombreux et plus nombreuses encore sont celles qui portent un regard dubitatif sur la longue lutte menée au siècle dernier. Car le tribut payé au conservatisme suisse est lourd. La violence, analyse une autre historienne, a été triple: structurelle, symbolique et verbale. Et particulièrement délétère à certaines périodes: lorsque le renforcement des tendances conservatrices et fascistes dans les années 1930 renvoie brutalement les femmes à leur rôle de mère et de ménagère, par exemple, comme le fera aussi, autrement, l’essor économique des années 1950.

Dubitatif ou attristé, ce regard mérite aussi d’être admiratif. Car le combat a été remarquable d’inventivité et de détermination. Et les gestes posés aujourd’hui pour le poursuivre – les discriminations restent très nombreuses – n’ont souvent rien à lui envier.

A l’occasion de cette commémoration, Le Courrier mettra en lumière des anonymes comme des pionnières (il faut citer la Genevoise Emilie Gourd, la Vaudoise Antoinette Quinche, la Zurichoise Emilie Lieberherr). Nous rencontrerons des femmes qui ont dû renoncer à leurs droits en changeant de canton ou en épousant un Suisse. Nous nous demanderons, jusqu’au 7 février, si les citoyennes sont des citoyens comme les autres, si elles participent plus ou moins aux élections et aux votations et si elles votent différemment des hommes. Et évidemment, pourquoi la Suisse a mis si longtemps à accorder le droit de vote aux femmes, une réalité particulièrement choquante dans une démocratie directe, qui s’est aussi longtemps targuée d’être la plus ancienne démocratie du monde.

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