Kara Tepe, au nord de Mytilène (Lesbos), est le nouveau camp où s’entassent derrière une triple rangée de fils de fer barbelés les 10’000 survivants de l’incendie du camp de Moria. Les conditions de détention de ces réfugié-e-s des massacres de Syrie, du Yémen, d’Afghanistan, de Somalie, du Sud-Soudan sont pires encore qu’à Moria. Un seul repas par jour, souvent immangeable, un seul robinet d’eau pour 1300 personnes, une seule toilette et une seule douche, froide, pour 200 personnes, une absence totale d’hygiène et de soins médicaux. Les tentes livrées par le Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU sont en majorité des équipements d’été, dépourvus de plancher et de chauffage. Dans les tentes et les abris dits informels, au-delà des barbelés, les rats s’en prennent aux bébés. Des adultes et des enfants désespérés se suicident. Le droit d’asile est bafoué.

L’hiver commence. A Lesbos, comme à Samos, Chios, Leros et Kos, à nouveau des enfants vont mourir de froid. L’enfer des camps est voulu, organisé par l’Union européenne. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission de l’UE, considère que les réfugiés constituent un danger pour «le mode de vie européen». En mer Egée, elle applique une stratégie de la terreur, du refoulement, destinée à dissuader les réfugiés de quitter leur pays d’origine pourtant mis à feu et à sang.

En Suisse, les trois quarts des structures d’accueil de réfugiés sont vides, gardées en pure perte par des sociétés privées. Les dix plus grandes villes de Suisses exigent de pouvoir accueillir des réfugiés. Réunis dans l’appel de Pâques, des Eglises, syndicats et mouvements sociaux – au total plus de 50’000 personnes – demandent que notre pays accueille sans tarder au moins 5000 persécuté-e-s.

La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, en charge de la politique des réfugiés, partage la vision d’Ursula von der Leyen. Elle traite les demandes de la société civile par le mépris. Sa dureté de cœur est indigne de la tradition d’accueil de notre peuple. L’argument de l’«aide suisse sur place» est un leurre, puisque que, selon Médecins sans frontières et Amnesty International, la vie dans les camps reste un enfer. Froide comme la glace, dure comme la pierre, la politique de refus de solidarité de la majorité du Conseil fédéral est une honte pour la Suisse.

Ce qui nous sépare des victimes n’est que le hasard du lieu de notre naissance. Les réfugié-e-s sont les plus pauvres parmi les pauvres. Ils et elles n’ont, au sens précis du terme, plus rien. Pour survivre, ils et elles dépendent complètement d’autres hommes et femmes, entre autres de nous.
Il faut mettre fin immédiatement au martyre enduré par les prisonnier-ère-s des îles grecques. Il faut évacuer sans délai les camps officiels et inofficiels. Avec l’aide de la Suisse!