Édito

Limites du fédéralisme

Limites du fédéralisme 
Le conseiller fédéral Ueli Maurer (à g.) et le président de la Confédération Guy Parmelin lors de la conférence de presse de ce mercredi. KEYSTONE
Covid-19

La nouvelle était annoncée: le Conseil fédéral a, peu ou prou, remis mercredi le pays en semi-confinement. Le télétravail redevient la norme, les mesures d’ores et déjà en vigueur – dont la fermeture des restaurants – sont prolongées jusqu’à fin février et les réunions publiques restreintes.

Avait-il le choix? Pas tellement, au vu du redémarrage de la pandémie et surtout de l’arrivée des nouvelles variantes plus contagieuses, dont les cas doublent toutes les semaines en Suisse. De fait, le soutien politique est relativement large. A gauche, PS et Verts approuvent la démarche des autorités; à droite, si le PLR botte un peu en touche en plaidant pour une accélération des vaccinations, seule l’UDC est franchement dans le camp des opposants, avec un discours qui fleure bon le déni trumpiste.

C’est sur le volet économique que l’on attendait surtout le Conseil fédéral. Et, avouons-le, il y a de quoi manifester quelque déception. Côté verre à moitié plein, les autorités fédérales assouplissent certes les conditions pour les cas dits de rigueur. Les entreprises auront davantage de facilités pour bénéficier d’un soutien économique.

En revanche, le poids financier de cette politique risque tout de même de peser largement sur les cantons. Mercredi, Nathalie Fontanet, ministre des Finances de Genève, a ainsi livré quelques chiffres à la presse. Au bout du lac, le nombre d’entreprises concernées passe de 300 à 4000! Un souci d’aider les PME qu’il convient de saluer, jusqu’à présent, l’aide allait davantage à des grands acteurs économiques. Pour la République de Calvin, cela impliquera des dépenses pour un montant de 340 millions pour les six premiers mois de 2021. Actuellement, ces aides pèsent quelque 130 millions (dont 80 millions payés par Berne).

Pour faire taire ces craintes, il eut sans doute été opportun d’annoncer plus clairement le projet d’une augmentation de l’enveloppe fédérale de 2,5 milliards de francs (avec 1,9 milliard à charge de la Confédération) votée par le parlement. Elle sera insuffisante. Pour l’heure, seul le recours à la réserve du Conseil fédéral – forte de 750 millions de francs tout de même – est évoqué.

Car s’il est bien un domaine où le fédéralisme devrait céder le pas à un politique volontariste, coordonnée et nationale, c’est bien au niveau d’une politique économique. Par exemple, en donnant un second signal clair: celui de prolonger le délai-cadre des durées d’indemnisation des personnes au chômage qui vont rencontrer des obstacles supplémentaires et souvent insurmontables dans leur recherche d’emploi.

Opinions Suisse Édito Philippe Bach Covid-19 Coronavirus Crise sanitaire

Connexion