Édito

Pris dans la Toile

Pris dans la Toile
Donald Trump, le 6 janvier à Washington. KEYSTONE
GAFAM

On aurait envie d’en rire: les plus fervents partisans de la liberté des entreprises et de la propriété privée qui se scandalisent après l’exclusion de leur champion par Twitter, Facebook, Snapchat & Co! Le silence imposé à Donald Trump par les réseaux mêmes qui ont contribué à en faire l’homme le plus puissant de la planète ressemble à un pied-de-nez ultime, tant le rapport de force et le mépris du droit ont été les marques de fabrique du règne trumpien.

Les géants de la Toile (GAFAM) n’en sont d’ailleurs pas restés là, puisqu’ils ont aussi exclu de nombreux utilisateurs liés au président incendiaire et même tenté de mettre au pas le réseau concurrent Parler, notoirement pro-Trump, coupable de ne pas modérer son contenu.

Longtemps dans la ligne de mire de Donald Trump, les patrons du numérique ont vite pris leur revanche sur un président en fin de mandat, affaibli par l’assaut de ses partisans au Capitole. Mais ce faisant, les GAFAM ont franchi la ligne rouge, exhibant leur rôle politique, alors que ces plateformes n’ont eu de cesse de se présenter en structures neutres.

Leurs politiques louvoyantes, leurs critères changeants et – surtout – leur absence de légitimité pour définir et appliquer les règles de la communication sociale et politique amèneront immanquablement à poser la question d’une gouvernance publique et démocratique de l’arène numérique. Soit par une mise sous tutelle des géants privés devenus de fait des opérateurs publics – option en marche au sein de l’Union européenne – soit en constituant des réseaux en mains publiques (ONU?) ou collaboratifs (Wikipedia?), soumis à des règles transparentes.

Sans ces garde-fous, ceux qui, à gauche, ont applaudi vendredi le fait du prince Zuckerberg et de ses acolytes pourraient bien un jour voir le couperet tomber sur eux et sur leurs champions.

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