CIBLER LES VRAIS PROBLÈMES
Denise Adler ne juge pas toutes les mesures prises à Genève très adéquates. Avec la réouverture samedi 28 novembre de tous les commerces «non essentiels» en faveur d’un «black friday» débridé, en même temps que le marché aux puces – qu’il n’y avait pas de raison de fermer ces dernières semaines –, la gestion de la pandémie à Genève a atteint un pic d’absurdité. Tandis qu’une foule se pressait dans les commerces des Rues basses, une marchande d’antiquité seule derrière son stand, sans personne à 10 mètres autour d’elle, s’est permis de détacher son masque le temps de manger un sandwich. Un garde est intervenu pour l’amender. Pourtant, en plein air sur un vaste espace, avec une bonne organisation de la désinfection et de la distanciation, le risque est minimal. Est-ce que la garde municipale qui a enlevé son masque pour répondre à une cliente d’un marché alimentaire va s’infliger à elle-même une contravention? Ces faits divers sont des exemples parmi d’autres qui révèlent une carence massive en équité, proportionnalité et pertinence scientifique lors de cette deuxième vague. En effet, nous savons que la pandémie s’est répandue dans le monde à partir d’une région de Chine, où les premiers médecins lanceurs d’alerte avaient été muselés et diffamés. Son virus est génétiquement proche de celui des chauves-souris de cette région. Il est transmis par les contacts entre humains, les gouttes et les aérosols. Vu la rapidité de la contamination de l’Europe, les virus ont été transportés par les passagers des avions. Des variantes du coronavirus sont apparues en Espagne, d’où elles ont été dispersées par le retour des vacanciers, souvent aussi par avion. Des clusters de contaminations dans des avions ont été documentés. De plus, les défaillances de la sécurité à l’aéroport de Genève ont été dénoncées à plusieurs reprises. Qu’est-ce qu’on attend pour cibler les vrais problèmes? Qu’on supprime les vols non-essentiels, les rassemblements commerciaux futils et qu’on limite l’accès aux locaux qui ressemblent à des grottes où logent les chauves-souris, le virus s’y trouve trop bien. Au sujet des sports d’hiver, qu’on réfléchisse aussi aux trajets. Que les autorités et leurs représentants (agents municipaux, personnel de sécurité, protection civile) donnent l’exemple de la bonne mise en pratique des directives. Une rébellion mortifère ne pourra être désamorcée que par plus d’équité et de cohérence.
DENISE ADLER, médecin retraitée, Bellevue (GE)