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Les cadeaux empoisonnés de Mike Pompeo

AU PIED DU MUR

La visite d’adieu en Israël du secrétaire d’Etat de l’administration étasunienne sortante, Mike Pompeo, et de sa femme, Suzan, a été pathétique, tant dans le choix des sites visités à titre personnel que dans les déclarations provocatrices dont il n’a pas été avare.

Contrairement à son boss qui ne croit qu’en lui-même, Pompeo est un évangéliste de choc qui a des ambitions politiques de premier plan pour les années à venir, sur des visées d’extrême droite. Extrême droite aux Etats-Unis signifie aujourd’hui soutien total à l’extrême droite israélienne, à ses choix stratégiques et aux valeurs qu’elle défend. Souvent, cela signifie aussi antisémitisme, mais cette dimension échappe à la censure d’un Ministère israélien des affaires stratégiques qui s’est fixé pour tâche de débusquer l’antisémitisme chez ceux qui refusent de faire allégeance à Benjamin Netanyahou.

Parmi les hauts lieux du pèlerinage sioniste du couple Pompeo, la «Cité de David», dans le quartier arabe de Silwan à Jérusalem, où les provocations violentes des colons ne se comptent plus; le cellier de la colonie de Psagot, près de Ramallah, en Cisjordanie; le «Musée des amis de Sion», fondé par un conseiller évangélique de l’administration Trump au centre de Jérusalem; ainsi qu’un saut sur le plateau du Golan occupé.

Si au moins, Pompeo était resté silencieux! Non, il a multiplié les déclarations qui sont autant de chausse-trappes pour la nouvelle administration démocrate des Etats-Unis, désignant la campagne BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) comme antisémite; annonçant que les produits des colonies pourront désormais être labellisés made in Israël et renforçant la coopération universitaire avec la colonie d’Ariel.

On l’a dit, Pompeo a des ambitions présidentielles. Sa visite israélienne pose les jalons de la campagne qu’il va mener contre le président Biden autour de ce qui s’annonce être un tournant dans les relations israélo-étasuniennes. Non pas que le nouveau locataire de la Maison-Blanche risque de remettre en question l’alliance stratégique entre les deux Etats, mais c’en est fini de la relation symbiotique entre un président étasunien totalement ignorant des réalités du Moyen-Orient et un premier ministre israélien qui lui dicte sa politique et ses déclarations. Joe Biden connaît le Moyen-Orient et s’est entouré d’experts pour qui la question palestinienne n’est pas du domaine des fake news.

Le soutien inconditionnel et acritique à la politique de l’extrême droite israélienne sera, n’en doutons-pas, le cœur de la campagne de Pompeo. Netanyahou lui renverra certainement l’ascenseur, aggravant ainsi la crise qui caractérise maintenant ouvertement les relations entre l’extrême droite israélienne au pouvoir et une partie grandissante de la base du Parti démocrate étasunien, qui attend du nouveau président une politique moins unilatérale que celle de son prédécesseur. Les prochains mois diront si Netanyahou, en misant tous ses jetons sur Trump, n’est pas allé «un pont trop loin».

Notre chroniqueur est militant anticolonialiste israélien et fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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