Genève

Un beau gâchis

Un beau gâchis
Les fonctionnaires genevois ont manifesté le 29 octobre dernier. KEYSTONE
Fonction publique

Mais à quoi joue le Conseil d’Etat genevois? D’un côté, il juge inacceptable que des milliers de fonctionnaires se retrouvent à nouveau dans la rue, mercredi, pour défendre leurs revenus, au risque de propager le virus. Mais de l’autre côté, le gouvernement n’a de cesse de donner des raisons aux collaborateurs de l’Etat de se mobiliser en masse.

Lundi, la grande argentière, Nathalie Fontanet, a exclu le Cartel intersyndical de la fonction publique des négociations sur le budget 2021, après que ce dernier a refusé de suspendre son préavis de grève. La conseillère d’Etat exigeait un geste d’apaisement et de responsabilité, en échange du premier pas fait par le gouvernement, consistant à retirer son projet de diminution des salaires de 1% durant quatre ans. C’était pourtant une coquille vide puisque aucun parti ne soutenait cette mesure, dès son annonce ou presque. L’exécutif aurait donc dû la retirer depuis des semaines si son objectif était vraiment l’apaisement. Et personne ne voit sérieusement ce retrait comme un geste, sinon forcé.

Le Conseil d’Etat joue la fermeté en raison de la crise sanitaire et économique. C’est un peu vite passer sur le fait que cette mesure ne constituait que la mise en bouche d’un paquet revenant à ponctionner entre 6 et 9% des revenus. Une drôle de façon de remercier le personnel. En particulier celui au front à cause du Covid et de ses conséquences. Le Cartel aurait-il fait des concessions lundi soir, lors de l’ultime round des discussions? On ne le saura pas et le mouvement semble appelé à se durcir.

Dans le contexte de crise sanitaire et économique, personne ne souhaite voir des milliers de manifestants dans la rue. On ne comprend donc pas pourquoi le Conseil d’Etat, qui a les clés de la République, a fait d’une question symbolique un ultimatum. Car une suspension d’un préavis n’aurait pas empêché la mobilisation si un accord n’avait pas été trouvé.

Samedi, des centaines de personnes ont manifesté contre l’arrêt forcé des commerces, dont les aides ne sont pas à la hauteur. A l’appel des cafetiers-restaurateurs, une nouvelle mobilisation aura lieu jeudi. Pris entre deux feux, le Conseil d’Etat pense-t-il s’en sortir en dressant ses détracteurs les uns contre les autres? Jeter de l’huile sur le feu, de la part de l’Etat-employeur, est irresponsable.

Opinions Genève Rachad Armanios Fonction publique

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