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Pour un budget municipal «vraiment responsable»

Chef du groupe socialiste au Conseil municipal, Olivier Gurtner défend un projet de budget 2021 permettant de «répondre à la crise sociale et climatique».
Ville de Genève

Pandémie du Covid-19, impacts de la réforme fiscale RFFA, nécessité de la collectivité de soutenir les personnes précarisées et l’économie locale… le budget 2021 de la Ville de Genève doit répondre à l’urgence sociale et climatique par un programme vraiment responsable.

Le 15 octobre, 6000 personnes ont défilé dans la rue pour dénoncer la politique d’austérité du Conseil d’Etat1>Ndlr: un nouveau débrayage de la fonction publique genevoise est prévu ce jeudi. Quant aux employé-e-s municipaux, ils se sont mobilisés mardi contre le gel des annuités, 13e salaire et prime d’ancienneté porté au projet de budget 2021 (notre édition de mercredi).: absence d’annuité, attaques sur les droits sociaux des collaborateurs de l’Etat, manque de reconnaissance vis-à-vis des personnes travaillant au front de la crise sanitaire. A majorité de gauche, la Ville de Genève doit défendre une présence forte de la commune face aux défis difficiles qui nous font face: urgence sociale, urgence climatique, maintien du pouvoir d’achat et soutien à l’activité économique.

Cela passe par un budget 2021 ambitieux, anticyclique et non un programme d’austérité comme le Fonds monétaire international a le secret, pour finalement reconnaître ses erreurs répétées, comme l’a souvent souligné le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.

Concrètement, ici, en Ville de Genève, cela passe par un développement des investissements en faveur de la transition écologique (mobilité douce, isolation des bâtiments, énergies renouvelables) et un maintien des services à la population notamment via les associations. Des efforts à saluer. Pour sa première année où la gauche est à nouveau majoritaire, il reste des points à améliorer.

Tout d’abord l’urgence sociale doit rester une priorité. Tout le monde a été choqué de voir les nombreuses personnes patientant pour un sac de provisions, reflet d’une réelle détresse sociale. Avec le semi-confinement et la baisse d’activité, les situations individuelles de surendettement, de décrochage ou de demandes à l’Hospice général risquent d’exploser. La Ville de Genève doit répondre à ces attentes, et vite, car c’est maintenant que les personnes ont besoin d’aide(s). Et elle en a les moyens, en témoigne le bilan financier robuste et sain laissé par Sandrine Salerno, avec 11 exercices sur 12 se terminant par un boni et une dette par habitant qui a baissé de 10% en dix ans. Si la Ville n’est pas au chevet des plus précaires maintenant, alors quand le sera-t-elle?

S’agissant des effectifs du personnel municipal, il est essentiel de tout mettre en œuvre pour conserver leurs droits salariaux, notamment les annuités, car c’est un acquis mais aussi un acte de reconnaissance de leur travail et, enfin, un moyen d’encourager l’économie en maintenant leur pouvoir d’achat, car le coût de la vie, lui, continue d’augmenter, avec des loyers et primes maladie qui sont élevés. Il ne faut pas oublier leur engagement depuis le début de la pandémie, avec des personnes quittant leur service pour prêter main forte à d’autres.

Enfin, il faut des appuis intelligents et sur mesure pour l’économie. Suite à une pétition que j’avais déposée avec Gervais Clark, la Ville de Genève a soutenu les cafetiers restaurateurs par l’exemption de la taxe sur les terrasses, un dispositif pérennisé avec leur ouverture tout l’hiver. En revanche, réclamer la suspension de la taxe professionnelle, qui fait contribuer les entreprises à hauteur d’environ 120 millions de francs par année, est tout simplement honteux. La dernière réforme fiscale RFFA a fait chuter drastiquement les impôts des entreprises suisses, de 24% à 14%. Autrement dit, pour 100 francs gagnés, vous payez 14 francs au lieu de 24 francs. Donc une nouvelle baisse d’impôt, c’est trop. A l’heure où les temps sont durs, chacun doit faire sa part.

Un programme fort, solidaire, écologique est plus que jamais indispensable dans ces temps difficiles et la majorité de gauche au Conseil municipal doit continuer ses efforts pour un budget municipal vraiment responsable.

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