Édito

En finir avec les camps du cauchemar

En finir avec les camps du cauchemar
Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe, a brûlé dans la nuit de mercredi à jeudi. La plupart des 12 700 résidents sont à la rue. KEYSTONE
Solidarité internationale

Vingt. C’est le nombre de mineurs non accompagnés que la Suisse s’est engagée à accueillir en provenance de l’île grecque de Lesbos, après que Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe, a brûlé dans la nuit de mercredi à jeudi. La plupart des 12 700 résidents sont à la rue. Les îles de la Mer Egée sont devenues des bombes à retardement et la catastrophe était prévisible depuis longtemps. Comment imaginer entasser près de 13 000 personnes dans des infrastructures prévues pour quatre fois moins sans générer un cataclysme humain?

La pandémie a fait dégénérer une situation déjà ingérable. A défaut d’améliorer l’accès aux installations sanitaires et aux soins médicaux, les réfugiés ont été enfermés dans le camp. «Nous n’avons pas pris de douche depuis un mois. Des rats envahissent les tentes. Je n’ai pas assez pour nourrir mes enfants», confiait au Courrier un père afghan en juin.

La destruction du camp aurait pu être l’opportunité d’en finir avec cette politique cauchemardesque de dénégation des droits humains. Depuis des années, des appels fusent pour vider les camps de migrants insalubres et réinstaller équitablement leurs résidents en Europe. Ce n’est pourtant pas la direction prise par la plupart des dirigeants européens. Dix pays, dont la Suisse, ont annoncé avec fierté qu’ils allaient accueillir au total 400 mineurs non accompagnés.

A Moria, chaque semaine, des enfants tentent de se suicider. La Grèce a assuré qu’un nouveau camp serait prêt dans cinq jours. Les réfugiés ont manifesté leur colère et leur désespoir, réprimés par des hordes de policiers armés de gaz lacrymogènes.

Malgré la lâcheté des gouvernements, les citoyens s’organisent. En Suisse, les villes de Genève, Lausanne, Zurich, Lucerne et Delémont ont annoncé qu’elles souhaitaient accueillir des réfugiés de Lesbos.

Le 23 juin déjà, plus de 50 000 personnes demandaient au Conseil fédéral de mettre en place un accueil humanitaire à l’attention de ces populations. La Suisse en a clairement les capacités. Seules 14 000 demandes d’asile ont été déposées l’an dernier, contre 39 500 en 2015. Il est temps de taper du poing sur la table et de faire pression afin que nos pays retrouvent un peu de décence et d’humanité.

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