Le partenariat social a des limites
Dans un courrier paru le 24 août dernier, Pierre-Alain L’hôte – président de la FMB (Fédération genevoise des métiers du bâtiment) – nous explique que le salaire minimum lancé par les syndicats vient bouleverser et fragiliser notre tradition helvétique de dialogue social.
Cette affirmation ne reflète pas la réalité. Le dialogue social est – malheureusement – mis à mal depuis de nombreuses années. Certes, la FMB et d’autres associations patronales jouent leur rôle de partenaires sociaux, mais quid du reste des employeurs sans CCT et d’une partie avec CCT, mais qui se moquent du partenariat social….?
Je rappelle au passage qu’il a fallu plusieurs milliers de maçons dans la rue en 2018 pour avoir une augmentation de salaire conventionnelle. Cela dé-montre et illustre les limites d’un partenariat social qui s’érode au fil du temps.
Le salaire minimum de 23 francs de l’heure est un salaire digne et cette initiative vise à combler justement les secteurs non conventionnés et les secteurs conventionnés où le salaire minimum est de moins de 23 francs de l’heure.
Il faudra m’expliquer comment on peut vivre à Genève avec un salaire plus bas? Prétendre le contraire est intellectuellement malhonnête.
Nous avons vu que le salaire minimum à Neuchâtel n’a pas tiré les salaires vers le bas et le bilan après trois ans est positif. Cet exemple factuel répond à la peur distillée par le camp ad-verse.
L’idée d’un salaire minimum et d’un partenariat social dans les branches où on peut réellement le pratiquer est tout à fait possible et souhaitable. Il n’affaiblira pas ce dernier.
Reste à une partie des employeurs de s’affranchir d’un certain dogmatisme et d’accepter cette idée de salaire minimum, car il s’agit avant tout d’une question de dignité.
Votons un grand oui à cette initiative le 27 septembre 2020.
Fabrice Chaperon, responsable Syna de la région Genève