Édito

Quand on arme, on ne compte pas

quand  on arme, on ne compte pas
KEYSTONE/Peter Klaunzer
Armée

La commission de la politique de sécurité du National a donné mardi son feu vert au programme militaire 2020-2024 du Conseil fédéral. Ce qui signifie un train de dépenses de 24 milliards de francs. Une paille. Verts et socialistes ont vainement plaidé pour un renvoi du dispendieux paquet au Conseil fédéral.

D’une part, en raison des montants en jeu. Selon le conseiller national jurassien Pierre-Alain Friedez (PS), il s’agit d’une augmentation de 50% entre 2014 et 2023. Certes, rétorquent les partisans d’un tel financement, on partait alors d’un niveau très bas. Las, l’affourragement de l’institution militaire devrait une nouvelle fois progresser de 50% à l’horizon 2032.

Deuxième raison à ce refus de la gauche: le paquet est un joyeux entassement de vieux et de neuf. Le projet est déconnecté des réalités stratégiques actuelles, selon le PS. Les Verts parlent, eux, «de guerre d’un autre temps», en pointant le projet d’acquérir des nouveaux avions de combat ou de la modernisation des chars d’assaut. En somme, d’être prisonnier d’un schéma datant de la guerre froide, avec des hordes de Huns déboulant sur le plateau suisse dans des chars T54 et repoussés par des soldats les bombardant vaillamment depuis leur réduit national. Ceci alors que les menaces actuelles relèvent davantage du terrorisme, des cyberattaques et de la sécurité de l’information. Sans parler du risque climatique et son lot de catastrophes environnementales.

Enfin, les partis de gauche estiment que les coûts ont été volontairement sous-estimés car ne prenant pas en compte les nécessaires modernisations de ces engins et autres toujours plus coûteuses mises à jour.

Ce qui n’est guère surprenant, car relevant d’un habitus de l’armée. Ce problème est déjà visible de manière très manifeste avec les nouveaux avions de combat, sur lesquels les Suisses voteront le 26 septembre, la tête dans un sac d’ailleurs. Officiellement, il est question d’un crédit de 6 milliards de francs; une fois qu’on y aura inclus les coûts induits et la facture du carburant, on sera plus près des 24 milliards de francs.

Du coup, pour citer un penseur vaudois, «la question, elle est vite répondue».

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