Trop de pays dans la mauvaise voie
«Trop de pays prennent la mauvaise direction», a déploré lundi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Si les principes élémentaires ne sont pas suivis, cette pandémie ne pourra aller que dans une seule direction. Cela va aller de pire en pire», a-t-il assuré.
«Je veux être franc avec vous: il n’y aura pas de retour à l’ancienne normalité dans un avenir prévisible», a-t-il encore lancé, au lendemain d’une journée record de 230 000 nouveaux cas de coronavirus.
Au Maroc, la ville de Tanger (nord), peuplée d’environ un million d’habitants, a dû être reconfinée à partir de lundi midi après l’apparition de foyers épidémiques. Les transports publics y seront suspendus, les cafés, centres commerciaux, marchés et espaces publics fermés, et les contrôles renforcés, afin que les habitants ne quittent leur domicile «qu’en cas de nécessité extrême», a précisé le Ministère de l’intérieur. C’est le cas également aux Philippines où environ 250 000 habitants de Manille vont à nouveau être confinés après une flambée de cas.
Bras de fer en Catalogne
La situation en Catalogne (nord-est de l’Espagne) fait, elle, l’objet d’un bras de fer entre les autorités régionales qui veulent reconfiner chez elles près de 200 000 personnes de la ville de Lérida et de communes environnantes, et la justice qui s’y oppose.
Alors que le tribunal de cette ville «a décidé de ne pas ratifier» ces mesures «contraires au droit», le président régional indépendantiste catalan, Quim Torra, a affirmé hier qu’il adopterait un décret-loi pour l’imposer.
Dans les rues de Lérida, les boutiques restaient souvent ouvertes tout comme les terrasses des cafés et les habitants, masqués, continuaient de sortir, mais la population était déconcertée.
«Si l’un dit une chose, l’autre dit l’inverse, les gens eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire», constatait Eugène Badila, agent commercial de 41 ans, tandis que sa collègue, Sabrina Pigaro, 32 ans, tranchait: «Nous devrions nous confiner à nouveau pendant un certain temps, jusqu’à ce que tout cela soit passé.»
L’Amérique latine
L’Amérique latine et les Caraïbes sont devenues hier la deuxième région la plus touchée au monde par la pandémie, derrière l’Europe, avec plus de 144 760 décès officiellement recensés. Elle dépasse ainsi les bilans des Etats-Unis et du Canada (plus de 144 000 morts).
Le Brésil est le pays le plus endeuillé de la région et dénombre à lui seul 72 100 décès, suivi du Mexique (plus de 35 000 morts).
En Colombie, le confinement a été renforcé hier à Bogota, après l’assouplissement décidé par le gouvernement en raison de l’effondrement économique. Jusqu’au 23 août, des zones sont mises en «quarantaines strictes», afin de laisser chez elles 2,5 millions de personnes à tour de rôle.
En Afrique du Sud, pays le plus touché du continent, le président Cyril Ramaphosa a décidé de réimposer dimanche un couvre-feu en raison de la remontée des cas quotidiens de contaminations. Les visites familiales seront aussi interdites.
L’inquiétude demeure aussi forte en Australie: après le reconfinement pour six semaines décidé jeudi dernier pour Melbourne, la deuxième ville du pays, les habitants de Sydney ont été priés hier de limiter les soirées festives après l’apparition d’un nouveau foyer épidémique dans un pub.
Flambée aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, la pandémie continue de flamber particulièrement dans de grands Etats du Sud, et les maires de plusieurs grandes villes envisagent ou réclament un reconfinement.
A Miami, le nombre de patients Covid-19 en soins intensifs est sept fois supérieur à ce qu’il était en mars et avril, selon le maire, Francis Suarez. «C’est hors de contrôle», a-t-il dit. Quant à un reconfinement, «nous devons l’envisager», a-t-il dit, s’en remettant au jour où les hôpitaux lui diront qu’ils ne peuvent plus faire face.
Les Etats-Unis ont recensé dimanche 59 747 nouvelles contaminations en 24 heures, selon le bilan quotidien de l’Université Johns Hopkins. Le nombre de décès s’établit à 135 171.
Le FMI pessimiste
Quant aux effets économiques de la crise sanitaire, le Fonds monétaire international (FMI) se montre encore pessimiste pour le Moyen-Orient. Il a abaissé ses prévisions de croissance à leur plus bas niveau en un demi-siècle, en raison du «double choc» de la faiblesse des prix du pétrole et de la pandémie.
L’ONU, elle, avertit que la récession mondiale due au nouveau coronavirus risque de pousser vers la faim entre 83 et 132 millions de personnes supplémentaires. La pandémie a fait plus de 569 135 morts dans le monde depuis que le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre. LA LIBERTÉ