Édito

Nature en péril: quelle réponse

Nature en péril: quelle réponse
La nature, en Suisse, est sous pression.. KEYSTONE
Suisse

Les deux propositions ont d’ores et déjà recueilli quelque 250’000 paraphes. Elles seront formellement déposées à la fin de l’été. Les principales organisations nationales de protection de la nature et du paysage ont annoncé, mardi, l’aboutissement de leurs deux initiatives visant, pour l’une, à défendre la biodiversité et, pour l’autre, à prévenir le bétonnage du paysage.

Car la nature, en Suisse, est sous pression. Environ un tiers des espèces animales et végétales indigènes sont menacées, l’uniformité biologique se répand dans le pays, les biotopes sont fragmentés et les corridors indispensables à la faune sont coupés.

Les deux initiatives prônent une réallocation des ressources: actuellement, 705 millions sont dévolus à la protection de la nature au niveau fédéral, moins que le milliard consacré aux routes dans le seul canton de Zurich! On voit où sont les priorités.

Deuxième axe, la protection des paysages. Là aussi, l’urgence est de mise. La législation visant à éviter le mitage du territoire a été progressivement détricotée au profit d’intérêts à court terme. Combien de vieilles granges se transforment en logement? Combien de hangars agricoles abritent d’autres activités, du stockage de bateaux durant l’hiver à l’accueil d’artisans en passant par des dépôts pour le secteur tertiaire?

Entre 1985 et 2009, la surface construite hors des zones à bâtir a augmenté de plus de 18’600 hectares: c’est davantage que la superficie combinée des villes de Zurich, Genève, Bâle et Berne, relèvent les initiants. Cette pression sur l’environnement est dans la nature humaine. Les compromis sont généralement faits pour un tas de bonnes raisons. Donner un nouveau souffle à l’agriculture, par exemple, en lui permettant de diversifier ses activités. Ou attirer la fine fleur de l’industrie mondialisée. Genève avait sacrifiée de la terre agricole pour attirer le géant Reuters. Depuis, l’entreprise est partie sous d’autres cieux et les locaux sont à louer. Ils ne seront pas rendus à l’agriculture vivrière.

Poser un cadre légal strict permettra d’éviter ces projets aventuristes, peu compatibles avec le développement durable. Le débat suscité par ces initiatives est donc essentiel pour inscrire la Suisse dans une perspective d’avenir.

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