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Sans confiance, le système s’effondre

Vaud et Genève lanceront cet automne une Trust Valley afin de mettre en réseau les compétences.
Sans confiance, le système s’effondre
Un technicien ajuste le micro du conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba (à gauche) aux côtés du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet lors de la conférence de presse sur le projet de «Trust Valley»-keystone
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«Fin des querelles de clochers, place à un projet qui nous réunit»: Philippe Leuba, ministre vaudois de l’Economie, a présenté vendredi avec son homologue genevois Pierre Maudet les grandes lignes de l’initiative Trust Valley. La Vallée de la confiance, consacrée notamment à la cybersécurité, doit être officiellement lancée en octobre.

L’ambition est grande. L’explosion du télétravail durant la pandémie a fait prendre conscience des changements sociaux et professionnels qui sont inéluctables. La crise a servi de «révélateur», selon les élus.

Depuis plusieurs mois, les deux cantons travaillent à cette initiative qui veut promouvoir la région en termes économiques. «Ce doit être un signal de confiance, alors que l’on risque d’être dans la crise cet automne», a expliqué Pierre Maudet. Il faudra «préparer le monde d’après» avec une forte collaboration entre les secteurs public et privé, selon le conseiller d’Etat genevois.

Un campus à Prilly

A en croire les cantons, plus de 500 experts et environ 300 sociétés actives dans ces domaines sont déjà présents sur l’Arc lémanique. Au-delà de l’appellation elle-même, en référence à la Silicon Valley californienne, c’est surtout la volonté de «mettre en réseau» les compétences et les énergies. Avec des interlocuteurs de prestige comme l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), les universités, les hautes écoles spécialisées, mais aussi des entreprises importantes à l’instar de Kudelski ou SICPA, qui construit un campus à 200 millions de francs à Prilly consacré notamment à ces enjeux.

Le financement viendra de Vaud et de Genève ainsi que des entreprises partenaires. Martin Vetterli, président de l’EPFL, a donné un exemple qui démontre l’importance très actuelle de ces questions: l’application Swisscovid.

Au départ, il y a un défi sociétal majeur: comment maîtriser la pandémie? Ensuite, comment procéder? Il faut trouver un groupe de chercheurs qui, en quelques semaines, mettent au point une solution. Ce modèle va influencer Apple et Google. Une fois accepté, le projet passe par un processus démocratique en Suisse, avec «une discussion très ouverte».

«J’espère qu’il sera aussi adopté par la population suisse», a poursuivi le responsable scientifique en soulignant son souhait que cela ne s’arrête pas là. Swisscovid peut devenir la solution pour d’autres pays. Une «Trust Valley» doit servir à réussir de telles initiatives, en réunissant les gens, les compétences avec, à la clé, la possibilité d’intéresser le monde entier.

Pour Philippe Leuba, il faut aussi bien comprendre la dimension politique nécessaire à la réussite de tels projets. Il faisait référence aux scrutins du 27 septembre, portant entre autres sur la limitation de la libre circulation des personnes. «Il faut conserver nos start-up ici. Pour cela, il faut des fonds, mais il faut aussi un monde ouvert.» A ses yeux, les prochaines votations sont «fondamentales aussi pour l’innovation en Suisse. Parce que si la Suisse s’isole, les entreprises jeunes et innovantes seront encore plus tentées d’émigrer aux Etats-Unis ou en Corée du Sud».

L’impact de cette initiative est attendu sur les emplois. Il ne faut pas limiter la confiance numérique ou la cybersécurité aux entreprises dont ce sont les activités premières. Des grandes sociétés, comme Nestlé, ont aussi des stratégies digitales ou des départements de sécurité numérique, a expliqué Martin Vetterli.

«La confiance, ce n’est pas une question de technologie. La confiance est une notion fondamentale de la société», a-t-il relevé. «De ce fait, cela concerne aussi les gens des sciences sociales et des sciences humaines.»

Genève en exemple

Le secteur financier genevois est un bon exemple de cette évolution économique, a illustré pour sa part Pierre Maudet. Cette branche compte aujourd’hui 36 000 places de travail. «Chaque année, on assiste à la mue des emplois, avec de plus en plus de juristes. Ensuite, on aura de plus en plus de spécialistes de la confiance. C’est potentiellement plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois, qui vont muter ou être générés par ces questions.»

Pour mémoire, le canton de Vaud a présenté récemment une nouvelle politique d’appui au développement économique. Celle-ci fixe trois axes ou hubs, la confiance-cybersécurité, la nutrition, et le sport, le tout accompagné d’une enveloppe de 105 millions de francs.

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