«Une gestion de crise catastrophique»
Dans son éditorial du 22 mai, Benito Perez tente un exercice difficile pour montrer que la politique faite de «prudence» par les autorités helvétiques aurait permis d’éviter «27 000 morts, contre moins de 2 000 décès aujourd’hui»!
Ce qui est certain c’est que la gestion de cette crise a été catastrophique. L’éditorial ne mentionne pas la pénurie de masques et d’alcool (du fait de la privatisation de la régie des alcools). Et il n’évoque pas un point essentiel. La première mesure à appliquer en cas de pandémie est de tester la population, comme le rappelait à Genève, en mars, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus: «Test-test-test, on ne peut pas combattre un ennemi que l’on ne voit pas!». Propos répétés le 24 mai au journal télévisé de la RTS par le professeur Pittet: «Le test, c’est le nerf de la guerre!». Mais que disait le Conseiller fédéral Alain Berset? Que cela ne servait à rien de tester, puisque négatif aujourd’hui, le lendemain vous pouviez être positif! Même raisonnement (si l’on peut dire) pour les masques. Pourquoi, également, ne pas avoir pris systématiquement la température des passagers des gares et aéroports? Manque de thermomètres?
Il est de notoriété publique1 que Roche fabrique depuis le mois de mars, 200 000 tests par semaine à destination… des Etats-Unis. Comme si le pays de Trump, premier producteur au monde d’armes chimiques et atomiques, ne pouvait pas les fabriquer! Nul doute qu’ils ont été utiles pour tester les marines infectés du porte-avions Franklin Roosevelt, qui a dû écourter sa mission. Mais n’était-ce pas la priorité pour une entreprise suisse de mettre à disposition de la population helvétique ces tests, au moment même où la pandémie frappait la Suisse (deux mois avant son arrivée aux Etats-Unis)?
Benito Perez mentionne l’Equateur, où la mortalité est très élevée. C’est laisser de côté des pays où l’épidémie n’a pas provoqué plus de morts qu’une «grippette» pour reprendre le titre de l’éditorial: Taïwan avec cinq morts, quelques centaines pour la Corée du Sud et le Vietnam, etc. Mais me direz-vous, ce sont des pays autoritaires! Alors regardons chez nos voisins allemands ou autrichiens où la mortalité a été trois à quatre fois inférieure à la Suisse, qui loge sur son territoire quelques-unes des plus grandes industries pharmaceutiques au monde. La solution n’était pas le vaccin, mais tester, en réquisitionnant l’industrie. La Suisse aurait pu rester en-dessous du millier de morts et procéder plus rapidement au retour à une vie sociale plus normale!
C’est en pensant que ces lignes favoriseront le débat que je vous serre la main.
Daniel Künzi, Genève