Ecœurante lecture, l’Agora de Ziad Medukh sur le sort des enfants de Gaza: orphelins, mal nourris, gelés, malades – s’ils ne font pas partie des 17’500 assassinés depuis le 7 octobre 2023 – mais néanmoins debout et faisant preuve vaillante d’un sens exemplaire de la responsabilité.
La situation est répugnante. J’ai presque honte d’être un être humain, surtout en lisant des déclarations impitoyablement expansionnistes comme celle-ci d’une ministre israélienne: «La seule solution pour la bande de Gaza est de la vider de ses habitants (…) il est temps d’hériter de la terre» (éditorial du 25 mars).
Non, il est temps d’appeler les choses par leur nom. Je demande à notre gouvernement de soutenir explicitement les Palestiniens, comme il a soutenu les Ukrainiens et à condamner les actions d’Israël comme il a condamné la Russie.
Antisémitisme? Voyons la «définition opérationnelle» de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), organisation dont la Suisse est pays membre. A la base, pour l’IHRA, l’antisémitisme consiste en «une certaine perception des Juifs» et l’expression de haine à leur égard. Je ne vois pas le problème. Je ne demande pas une condamnation des Juifs. Ce serait absurde. Ce n’est pas «les Juifs» qui assassinent les enfants, c’est le gouvernement de l’Etat d’Israël. «Les Juifs» n’en sont pas collectivement responsables.
Selon l’IHRA, «l’antisémitisme peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’Etat d’Israël lors-qu’il est perçu comme une collectivité juive. Encore une fois, pas de problème: tout d’abord seul 75% de la population est juive, et puis tout le peuple juif n’habite pas en Israël, donc les concepts ne sont pas syno-nymes. De plus, selon l’IHRA, «critiquer Israël comme on critiquerait tout autre Etat ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme.».
Est-ce qu’on applique à Israël des standards différents de ceux qu’on applique à d’autres Etats (autre critère IHRA), c’est-à-dire par exemple le respect du droit international? Non.
Est-ce que, en condamnant les massacres des enfants palestiniens par l’Etat d’Israël, on nie la Shoah ou son ampleur terrifiante? Non.
Alors, suivons l’exemple courageux des enfants dans les ruines de Gaza qui, eux, assument leurs responsabilités malgré tous les dangers qu’ils confrontent! Qu’avons-nous à perdre en Suisse? Au nom de l’humanité, rangeons-nous fermement du côté des victimes et dénonçons clairement les actions de cet Etat meurtrier!
Nigel Lindup,
Versoix (GE)