Édito

L’indignation l’emporte

L’indignation l’emporte
Les Suisses ont répondu à l'appel des militants américains. SKN
Racisme

Ni la pandémie ni la répression n’ont eu raison de la mobilisation citoyenne. Ils et elles ont été des dizaines de milliers à le prouver en défilant dans les rues aux quatre coins de la planète. Après des manifestations dans tous les Etats américains pour dénoncer le racisme et les brutalités policières, Suisses et Européens ont répondu à l’appel des militants étasuniens. Ils et elles étaient mille à Bienne vendredi, cinq cents à Neuchâtel samedi et deux mille dimanche à Lausanne, d’après les autorités.

Les manifestations de plus de trois cents personnes ne sont pourtant tou-jours pas autorisées. Mais l’insupportable meurtre de George Floyd, cet Afro-américain tué par un policier blanc à Minneapolis, a soulevé une vague de colère, d’indignation et de révolte mondiale. La peur de la maladie et la sidération devant l’ampleur des dégâts provoqués par le coronavirus n’auront pas réussi à pétrifier les mouvements de défense des droits humains. «La vie des Noirs compte» scandent partout des femmes, des hommes et des enfants de toute origine et ethnicité confondues.

Au-delà des revendications disparates, un message s’est imposé: «Le silence n’est pas une option». Il y a eu déjà eu trop de Georges Floyd aux Etats-Unis, d’Adama Traoré en France ou de Mike Ben Peter en Suisse.

Certains représentants des autorités ont protesté: «Ce n’est pas le moment ni la manière de protester contre les violences policières.» Et pourtant, comme le rappelle Trevor Noah, présentateur de l’émission américaine The Daily Show, il n’existe pas de bonne manière de protester. «Quand des personnes brûlent le drapeau américain, on leur dit: «Ce n’est pas la bonne manière de protester.» Quand Martin Luther King marchait de Salma à Montgomery, on lui a dit «ce n’est pas la bonne manière de protester». Il n’existe pas de bonne manière de protester puisque ce verbe signifie: s’opposer à ce qui nous entrave.

Il faudra pourtant de profonds changements mondiaux, à la suite de l’indignation. Rebaptiser la rue qui mène à la Maison Blanche «Black Lives Matter» ne suffira pas. La violence systémique n’est pas uniquement un problème étasunien. Bien que les contextes soient différents, le racisme nous concerne tous.

Après avoir brandi des pancartes et partagé un carré noir mardi dernier sur les réseaux, il est temps d’interroger nos actions, nos paroles et nos pensées.
Nous évoluons tous dans des sociétés construites sur des discriminations. Il est de la responsabilité des Blancs d’interroger leurs privilèges, de s’instruire sur la réalité des personnes noires et surtout de les écouter, afin de venir ensemble à bout de ce système d’oppression.

Opinions Édito Julie Jeannet Racisme

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