Le principe de Cassis
Un processus de privatisation de la coopération avec les pays du Sud est en cours. L’organisation non gouvernementale Public Eye a réussi à arracher au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) des documents faisant la lumière sur ce processus. Mais seulement après avoir dû faire jouer les dispositions relatives à la transparence de l’Etat.
Les chiffres sont clairs: les services d’Ignazio Cassis entendent faire passer la part des fonds dévolus à l’aide au tiers monde portée par des entreprises privées de 5% actuellement à 27% d’ici à 2032. Et ce sont les multinationales qui rafleront la mise. En chiffres absolus, cela signifie qu’une somme comprise entre 400 et 600 millions de francs serait confiée à des projets gérés par des entreprises privées et poursuivant d’autres buts – le profit – que le bien commun.
Privatisation de l’eau
Presque autant que les sommes ventilées via des ONG à but idéal! Pis. Dans plusieurs domaines, cette privatisation n’est rien d’autre que l’implantation d’un cheval de Troie dans certaines régions pour permettre d’imposer des positions dominantes. Ainsi en est-il de l’eau: sous prétexte de promouvoir l’accès à ce bien essentiel, on encourage de la sorte des processus de privatisation.
Enfin, relevons qu’aucun critère d’exclusion n’a été prévu pour des entreprises qui violeraient les droits humains. Qu’il s’agisse de travail des enfants ou d’assassinats de syndicalistes. De manière opportune, les documents obtenus par Public Eye ont été caviardés. On ne sait donc pas pour l’heure qui est dans les bons papiers du conseiller fédéral PLR.
Ce processus de privatisation doit encore passer devant le parlement. Un holà y sera-t-il mis? Probablement pas. Le test de Dracula – exposer à la lumière un tel scandale pour le faire disparaître – ne jouera pas dans ce dossier: Ignazio Cassis met en œuvre une politique voulue par les partis bourgeois. Compatible avec l’idéologie udéciste, membre du lobby des armes et de la pharma, il a été élu en connaissance de cause. M. Cassis met en pratique de manière cohérente l’idéologie néolibérale qui lui sert de boussole. Lorsque le Tessinois a nommé comme directeur de l’aide au développement un ex-dirigeant de Nestlé, seuls les mauvais coucheurs ont trouvé à y redire.
On nous a vendu l’élection du libéral-radical au nom d’une saine représentativité régionale. On voit que ce critère est aussi un sacré piège et qu’il eût mieux valu interroger ses liens d’intérêts, ses orientations politiques et ses capacités. Chose que la droite ne se prive pas de faire lorsqu’il est question de coopter un représentant de l’opposition.