Suisse

Prudence à géométrie variable

Prudence à géométrie variable
Deux ouvriers sur un chantier lors de la pandémie, le 18 mars 2020 à Lausanne. KEYSTONE
Covid-19

Le Conseil fédéral a lancé ce jeudi le processus de déconfinement des Suisses d’ici l’été. Cela se fera par étapes –trois paliers sont prévus –, ce qui permettra de réajuster la politique sanitaire en cas de recrudescence de l’épidémie. En cela, le bon sens a été respecté. Et il n’est sans doute pas possible de se calfeutrer indéfiniment sans que cela ne fasse trop de dégâts, qu’il s’agisse de blessures psychiques ou de dommages économiques.

Les autorités fédérales ont illustré leur démarche par une formule d’Alain Berset, pour lequel il faut aller «aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire». Ces éléments de langages masquent tout de même une politique qui est davantage attentive à certains besoins qu’à d’autres.

En clair: il s’agit d’abord et surtout de relancer la machine économique. Quitte à prendre certains raccourcis et à assumer quelques contradictions. Ainsi de la réouverture des écoles obligatoires – il faut bien que quelqu’un garde la marmaille – sans garantir clairement que les conditions dans lesquelles les élèves du primaire et du cycle d’orientation seront accueillis soient correctes. La moindre des choses eut été de garantir la disponibilité de masques de protection et de gel hydroalcoolique dans les établissements. On nous dit opportunément que les enfants sont peu susceptibles de développer des formes graves du Covid-19; c’est bien pratique, en effet, mais ne nous dit pas ce qu’il en sera du personnel enseignant à risque. Gageons que la pression sera forte pour l’obliger à retourner devant sa classe.

De même, pour ce qui est des entreprises, s’il convient de saluer l’annonce que les personnes à risque pourront continuer à télétravailler, quelles garanties le Conseil fédéral donne-t-il qu’une demande de rester à distance ne se traduira pas par un licenciement? Et, sur les lieux de travail, il eut été opportun de prévoir un inspectorat spécial pour sanctionner les violations qui ne manqueront pas de se produire. Les syndicats ont occupé les lieux les plus sinistres en la matière pour hâter une fermeture des chantiers; gageons que ce rapport de force devra être reconduit.

En cela, les annonces d’hier, pour inévitables qu’elles soient, s’inscrivent dans le même canevas idéologique qu’avant la crise. Un épisode qu’il s’agit surtout de mettre derrière nous. Avant de l’oublier?

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