Il faut trier ses déchets
Faut-il trier ses déchets ou pas durant le temps de la pandémie? Après une communication confuse, l’association Swiss Recycling insiste: Oui, il faut continuer à trier comme d’habitude. «Une déclaration de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a été relayée de manière trompeuse et exagérée à plusieurs reprises dans les médias, laissant entendre le contraire», communique l’association. Son directeur, Patrik Geisselhardt, souligne qu’il s’agit d’une erreur. Selon les recommandations de l’OFEV du 19 mars, seuls les ménages dans lesquels vivent des personnes malades ou en quarantaine doivent s’abstenir temporairement de les trier, mais ce groupe cible mis à part, la collecte des déchets triés est maintenue.
«C’est une recommandation faite par précaution», indique Yann Hulmann, porte-parole à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Selon les connaissances disponibles, le virus pourrait rester actif sur certains matériaux à surfaces lisses. L’OFEV, indique que les masques, les mouchoirs, les articles hygiéniques et les serviettes en papier utilisés doivent être placés dans de petits sacs en plastique immédiatement après avoir été utilisés. Ces petits sacs doivent être fermés avec un nœud sans être compactés et éliminés avec les ordures ménagères dans des sacs taxés.
Des réactions variées
«La collecte et l’élimination sélectives sont sûres et importantes, malgré le coronavirus. Pour que la Suisse fonctionne correctement, il faut garantir l’élimination des déchets. La population peut aider en continuant à trier les matériaux recyclables», insiste Patrik Geisselhardt en contact avec les organismes de collecte et les usines d’incinération des déchets et qui indiquent faire leur possible pour maintenir la logistique et protéger leurs employés.
«Pour que la Suisse fonctionne correctement, il faut garantir l’élimination des déchets»
Patrik Geisselhardt
Face à l’épidémie, les collectivités publiques réagissent de manière variée. Dans le canton de Vaud, le Conseil d’Etat préconise l’ouverture des déchetteries, mais certaines ont été fermées, à Morges, Pully ou encore à Lausanne. Dans le chef-lieu cantonal, les déchets ménagers et les déchets végétaux et alimentaires sont désormais ramassés en porte-à-porte. Si du gel désinfectant a été mis à disposition du personnel, des inquiétudes se sont fait entendre de la part d’employés réalisant le ramassage et du syndicat SSP, notamment en raison du manque de protections à disposition (lire ci-après).
Les quantités en baisse
A Genève, la collecte fonctionne normalement et les centres de tri sont ouverts, mais il est demandé à la population de ne pas se débarrasser des encombrants et des déchets de jardin. A Fribourg, le système de collecte habituel est en place et la quinzaine de points de collecte est nettoyée et désinfectée régulièrement. Bienne vient de reprendre le ramassage du papier et du verre après avoir suspendu ces activités. Alex Bukowiecki, directeur général de l’association suisse Infrastructures communales explique que «globalement, les municipalités maintiennent le traitement des matériaux recyclables et des déchets». Le directeur rappelle que l’OFEV recommande à la population de se rendre dans les déchetteries uniquement en cas de stricte nécessité. Les déchets non périssables doivent être stockés à domicile, si possible.
En bout de chaîne, Robin Quartier, directeur général de l’Association des exploitants d’installations de valorisation des déchets en Suisse (ASED) relève que si les déchets des particuliers augmentent légèrement, les quantités produites par le commerce, le tourisme et l’industrie ont fortement diminué. Il en résulte une baisse des tonnages traités dans les usines de valorisation thermique (UVTD) du pays. La baisse est notable dans les régions très touristiques comme le Haut-Valais mais aussi Genève, où l’aéroport est quasi au point mort et les grandes manifestations sont annulées.
Un four arrêté
«Ça n’est en aucun cas un problème pour les usines qui diminuent la puissance de la charge dans les fours. Ainsi, l’usine des Cheneviers à Genève a réduit sa capacité en arrêtant l’un de ses fours (l’équivalent de 8 à 12 tonnes de déchets par heure). Quant au chauffage à distance alimenté par les UVTD, la hausse des températures se traduit par une baisse de la demande. Il n’y a donc pas de risque pour l’alimentation du chauffage à distance», souligne le directeur général. Et de relever que les usines sont des prestataires de services qui traitent ce qu’il y a à traiter. Leur priorité étant de prendre en charge les déchets ménagers, les boues d’épuration et les déchets hospitaliers.
Au niveau des déchets hospitaliers, Robin Quartier indique que les équipements de protection à usage unique représentent certes beaucoup de pièces à traiter quotidiennement, mais leur poids unitaire est très faible, de sorte que les tonnages à traiter en UVTD restent peu importants. Et les opérations électives pouvant l’être ayant été repoussées, les quantités de déchets hospitaliers ne sont pas beaucoup plus élevées que la normale.
Le manque de masques inquiète
Des employés de voirie lausannois, ainsi que le Syndicat des services publics (SSP), ont signifié des craintes quant aux risques induits par l’exécution de leur travail ces dernières semaines.
Les inquiétudes du personnel de voirie lausannois se sont fait entendre concernant un manque de matériel de protection et de masques. «Nous avons interpellé la municipalité à ce sujet afin que des mesures soient prises pour que le personnel puisse se protéger et que les missions soient adaptées. Il semblerait que le nécessaire ait été fait», souligne Maria Pedrosa, secrétaire syndicale au SSP.
La ville de Lausanne a fait fabriquer du gel désinfectant par ses propres laboratoires et des masques ont depuis lors été fournis aux employés du service communal de la propreté urbaine. «Lausanne ne fait pas exception aux difficultés mondiales de se procurer du gel désinfectant et des masques. Toutefois, elle a pu fournir aux collaborateurs, dès le premier jour, du gel. Quant aux masques, en pénurie, il a fallu quelques jours pour pouvoir en mettre à disposition du personnel», souligne Stéphane Beaudinot, chef du service de la propreté de la ville de Lausanne, qui indique, qu’à ce jour, aucun malade n’est à déplorer.
Le responsable note que les masques ne sont pas préconisés par les directives de l’Office fédéral de la santé publique et de l’Organisation mondiale de la santé pour les personnes en bonne santé mais la ville de Lausanne a tenu à les proposer aux employés qui souhaitaient en disposer.
Lausanne fait partie des communes qui, contre l’avis du Conseil d’Etat vaudois, ont décidé de fermer leurs déchetteries. Celles-ci le resteront jusqu’à nouvel avis, indique Stéphane Beaudinot. «Nous remplissons les exigences des offices fédéral et cantonal de l’environnement dès lors que nous continuons à collecter en porte-à-porte les déchets dits putrescibles, à savoir les ordures ménagères et les biodéchets (végétaux et aliments crus et cuits). Nous collectons toujours aussi en porte-à-porte le verre et le papier/carton», relève le chef de service.
Pour le responsable, les déchetteries ne peuvent pas être considérées comme un service de première nécessité dans la mesure où elles ne récoltent que des déchets qui peuvent être gardés à domicile. Et de rappeler que les écopoints sont opérationnels et complètent l’offre par les textiles, les huiles, l’aluminium et le fer-blanc.
Par cette organisation, la commune entend limiter les déplacements inutiles de la population et réduire les risques sanitaires. La quantité de déchets récoltés est en baisse hormis une légère augmentation du verre. IC