Monolinguisme
Selon la journaliste Sabine Verhest de la Libre Belgique, (28.01.2020) la langue de Shakespeare restera la langue dominante de l’Union européenne (UE) malgré le Brexit.
Je ne suis pas étonnée que l’anglais reste dominant au sein de l’Europe après le départ de la Grande Bretagne. En effet, ce n’est pas l’anglais de Londres qui est parlé à Bruxelles mais bien celui de l’Amérique devant lequel tout le monde s’agenouille, y compris l’UE. Le prestige d’une langue n’est qu’une question politique.
Je comprends la pétition des fonctionnaires européens contre ce «monolinguisme anglais» qui ne fait pas que les «brider dans (leurs) moyens d’expression», mais qui met fortement en danger la diversité culturelle de notre monde.
Alors qu’on se mobilise avec raison contre la perte de la diversité biologique, pourquoi reste-t-on si passif face à ce monolinguisme au profit d’une langue hégémonique, malmenée, appauvrie, dégradée? Ce qui appauvrit aussi notre niveau d’expression.
Pourquoi ces jeunes, qui se mobilisent pour le climat et que j’admire et soutient sincèrement, utilisent ce jargon appauvri et considéré comme international, et entrent au Parlement fédéral avec une banderole en anglais, au mépris de nos langues nationales? Je ne les blâme pas pour autant. Ils sont nés et ont été éduqués dans le «tout à l’anglais». Ce monde-là est normal pour eux.
Alors je voudrais seulement leur dire à ces jeunes que bien sûr on a besoin de moyen pour se comprendre sur notre terre mondialisée, et que je ne reproche pas à Greta Thunberg de s’être exprimée en anglais à Lausanne. Mais malheureusement l’anglais n’est pas utilisé que lorsqu’il est nécessaire. Il y a peut-être d’autres moyens de se comprendre, comme le plurilinguisme: on apprend mieux à comprendre un pays en parlant la langue locale que l’anglais. Et puis, pourquoi ne pas pousser l’idéalisme et l’esprit de solidarité aussi du côté des langues, en soutenant par exemple les langues minoritaires? Pourquoi pas des slogans et des banderoles en romanche?
Je suis sûre qu’en y réfléchissant bien, on peut trouver bien des moyens de se comprendre sur notre planète sans devenir tous des petits américains bien dressés.
Nicole Margot,
Lausanne