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Vive la démocratie augmentée!

Le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz, chargé de la cohésion sociale, encourage la population étrangère bénéficiant du droit de vote à se rendre aux urnes pour les prochaines élections ­communales.
Genève

Le 15 mars, les Genevois-es sont appelé-e-s aux urnes pour élire leurs autorités municipales. C’est un moment politique fort, qui voit un corps électoral renouveler les instances décisionnelles au plus proche de ses préoccupations quotidiennes. Ce scrutin constitue l’occasion pour près de la moitié de la population genevoise – les étrangèr-e-s établi-e-s depuis plus de huit ans en Suisse – d’avoir voix au chapitre et de participer, par leur vote (et malheureusement pas encore par leur candidature) au processus électoral. Dans un canton où le taux de participation aux élections et votations est en baisse, et où seul un quart des étrangèr-e-s ayant le droit de vote ont retourné leur bulletin lors des dernières élections municipales, il est de la responsabilité des acteurs politiques de mobiliser les électeurs/trices. De rappeler notre chance de pouvoir faire entendre sa voix tant sur la représentation du peuple que, s’agissant des citoyen-ne-s suisses, directement sur les objets.

Le paradoxe de notre société veut que les élections soient trop souvent boudées par un électorat indifférent ou déçu. Crise de la représentativité, dérives de la démocratie directe, sentiment d’incompétence ou d’inutilité, voilà autant de causes (réelles ou supposées) qui éloignent toujours plus les citoyen-ne-s de leur pouvoir électif.

Nul ne contestera la légitimité des élu-e-s au soir du 15 mars et du 5 avril, mais une pointe d’amertume gagnera indubitablement celles et ceux qui auront battu le pavé durant toute la campagne si les chiffres de la participation restent en berne. Lorsque le suffrage est bas, la démocratie est confisquée. Lorsque l’immense majorité de la population use de son droit de vote, elle est augmentée.

Pour y parvenir, rappelons que le réflexe démocratique s’acquiert. Il se transmet par la participation, associative, sportive ou encore humanitaire, qui renforce le sens du faire ensemble. Il nous faut répéter les bienfaits de l’action collective. Des communes l’ont compris et multiplient les expériences de démocratie de proximité: contrats de quartier et assemblées citoyennes sont autant d’écoles de l’agir ensemble qui renforcent le goût du débat politique. Débattre, convaincre, s’affronter, perdre parfois, c’est la première leçon de l’engagement citoyen. Un engagement qu’on retrouve en Suisse dans l’immense foisonnement du monde associatif qui se développe grâce à la mobilisation de certain-e-s et qui est, lui, bien vivant. L’énergie qui nous pousse à adhérer à des associations serait-elle plus forte que celle nécessaire quelques dimanches par an pour faire vivre notre démocratie? Engagé tant en politique qu’au sein des milieux associatifs, je suis persuadé que ces deux mondes sont inexorablement complémentaires. Qu’ils se nourrissent mutuellement.

Avec la volonté de susciter un intérêt des étrangers/ères au débat démocratique qui s’est ouvert en vue du scrutin de mars, nous avons lancé une ambitieuse campagne1>Plus d’informations sur cette campagne sur 15mars.ge.ch. En parallèle aux séances d’information dans les communes, un défi citoyen voit des projets concoctés par des associations se déployer dans une approche de sensibilisation aux politiques de proximité.

Ces élections offrent quelques perspectives encourageantes. Selon une étude réalisée à la suite des élections en 2015, l’identification à sa commune est forte à Genève. Loin des querelles idéologiques qu’on retrouve, parfois, dans les parlements cantonaux ou au niveau fédéral, la politique communale a gardé la saveur du consensus et le goût du résultat. Il n’y a pas de petits enjeux. Les gens habitent des quartiers ou des communes avant d’habiter un pays. C’est là que s’établissent la plupart de leurs interactions sociales, c’est là que prend place leur quotidien. La politique communale a encore de beaux jours devant elle. Elle mérite notre mobilisation le 15 mars. Avec, comme cela ne se produit que tous les cinq ans, un corps électoral augmenté.

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