Score est mort
Mieux vaut tard que jamais. Le Conseil d’Etat genevois a tiré mercredi la prise de Score, le système d’évaluation et de rémunération des employés de la fonction publique. Un chantier ouvert…. depuis dix ans! Une décision logique: le dossier était embourbé jusqu’aux essieux.
Au-delà des questions de forme – l’outil d’évaluation des salaires avait été délégué au privé et, partant, il s’est transformé en boîte noire illisible –, le naufrage a aussi des explications politiques. Derrière Score, c’était aussi une certaine vision de l’Etat qui se dessinait. Technocratique et arrogante, elle postulait un pilotage de la chose publique par une élite éclairée (et bien payée), avec à sa botte une piétaille serviable et corvéable à merci, priée de ne pas moufter. Le tout à l’aide d’indicateurs chiffrés et si possible à partir d’une tablette tactile.
Cette vision désincarnée ayant conduit à l’échec était celle des précédents gouvernements. Passer à autre chose est indispensable. Mais l’idéologie libérale qui sous-tendait cette politique reste, elle, d’actualité. De fait, mercredi, le Parti libéral-radical a pris acte de ce passage par pertes et profits, tout en plaidant pour l’abolition du statut de la fonction publique, sans laquelle il ne saurait y avoir de véritable efficience.
Le «Delenda Cartago» du parti des banquiers. Si notre solution ne marche pas, c’est que l’on a pas été assez loin dans la privatisation et le démantèlement de l’Etat. Une antienne qu’on nous sert de manière indifférenciée, qu’il s’agisse d’un grounding de Swissair ou de l’échec de la libéralisation du marché de l’électricité.
Et si, pour une fois, le Conseil d’Etat cessait d’être prisonnier de cette manière éculée de penser et mettait la priorité sur le bien commun?