Édito

La durabilité selon Credit Suisse

La durabilité selon Credit Suisse
Le CEO de Credit Suisse Tidjane Thiam a quitté le groupe helvétique début février 2020. KEYSTONE
Credit Suisse

Credit Suisse qui perd en première instance face à des militants du climat montés au filet dans une succursale de la banque; le même groupe qui pousse son CEO vers la sortie, quelques semaines après la sentence. Quel lien entre les deux événements? Evidemment aucun: si le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam a dû partir, ce n’est pas à cause du terrifiant bilan CO2 des investissements de la banque du 8, Paradeplatz, mais parce qu’il n’était pas assez zurichois au goût de l’élite locale, selon de nombreux commentateurs. Comme gage d’intégration, habiter dans une jolie villa de Herrliberg, sur la Goldkuste, n’aura pas suffi.

Bien sûr, on lui reproche aussi la fameuse affaire des filatures, sur laquelle enquêtent actuellement FINMA fédérale et justice zurichoise. Plusieurs anciens cadres de la banque se seraient fait espionner, en Suisse comme aux Etats-Unis, dont Iqbal Khan, voisin direct de Tidjane Thiam à Herrliberg. Plus récemment, la presse s’est aussi fait écho de forts soupçons d’infiltration de Greenpeace par Credit Suisse.

Tidjane Thiam n’en quitte pas moins le groupe sur une envolée de sa performance, apprenait-on hier. Bénéfice annuel en hausse de 69% à 3,42 milliards de francs, produit d’exploitation qui a pris 7% à 22,4 milliards, dividendes en progression, n’en jetez plus. C’est donc en profitant des réformes structurelles menées par son prédécesseur – licenciements copieux, recentrage sur la gestion de fortune – que Thomas Gottstein, nouveau CEO au pedigree bien de chez nous, reprend ce vendredi les rênes de la banque.

«Nous avons remis le Credit Suisse sur de bons rails et nos résultats de 2019 montrent que nous pouvons être durablement rentables», se vantait hier Tidjane Thiam. Une phrase qui résume parfaitement l’état d’esprit de la deuxième banque helvétique, où les smashs des jeunes défenseurs du climat ne sauraient atteindre les loges VIP de ses top managers. Car comme le sous-entend Tidjane Thiam, le seul domaine qui doit être durable, dans une grande banque, c’est sa rentabilité – certainement pas ses placements.

Opinions Édito Samuel Schellenberg Credit Suisse

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