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Les curieuses «notes de frais» du PLR municipal

Calculette en main, François Mireval estime à 240 000 francs le montant «gaspillé» par le Conseil municipal au cours de la présente législature. La faute à «l’incompétence des élus du PLR et du MCG», selon le conseiller municipal socialiste, commissaire aux Finances.
Ville de Genève

Que coûte la démocratie en Ville de Genève? Dans les comptes 2018, on peut lire: 1,6 million de francs pour le Conseil municipal et 1,3 millions pour le Conseil administratif. Le parlement est donc plus cher que le gouvernement! Par ailleurs, l’exécutif est trop souvent associé aux seules «notes de frais». Qu’en est-il de l’assemblée?

Une heure de séance d’une commission revient à 2000 francs pour les seuls jetons de présence. De son côté, une séance de deux heures et demie en plénière équivaut à 12 000 francs de jetons, sans compter le reste (personnel, sécurité, repas, location de la salle de l’Organisation mondiale de météorologie).

Dans ce contexte, certains comportements étonnent. En commission des finances, lors de l’étude des comptes 2018, les commissaires du PLR et du MCG ont rappelé qu’ils mangeaient dans un restaurant extérieur lors des pauses, et jamais à la cafétéria de l’OMM avec les autres partis. Donc des indemnités de repas devaient leur être versées, et pas retenues sur leurs jetons. En raison de la difficile tenue comptable de cette situation, le remboursement a pris plus de temps que prévu. C’est de ce délai que s’offusquaient le PLR et le MCG. Admettons. Mais fallait-il vraiment que la commission des finances consacre ce temps (deux heures, soit 4000 francs) à des élus qui n’ont apparemment pas l’habitude de porter eux-mêmes leur plateau-repas?

On peut en sourire, mais il y a plus grave et répétitif: l’incapacité du PLR et du MCG à rédiger un projet de règlement juridiquement valable. Exemple concret récent, celui des quelques retraités involontaires de la Ville de Genève. Ils ont dû pointer au chômage entre 62 ans et 64 ans en raison d’une lacune transitoire dans le statut du personnel. La presse locale s’en était émue. Pour aller plus vite en commission des finances, le PLR a jugé inutile d’auditionner la magistrate. Cette négligence a suffi à rendre le texte illégal, ce que le PS a vainement rappelé en plénière. Le Service des affaires communales (Safco) a donc dû invalider ce texte.

Depuis 2015, c’est à 17 reprises au moins que le Safco a invalidé les textes de la droite menée par le PLR. Avec trois heures de travail en commission (audition des auteurs, puis des magistrats, débats et vote), et en y ajoutant les deux heures et demie des débats en plénière (fréquemment menés sur deux soirs), on arrive à un total de 240 000 francs au minimum.

Incroyable mais vrai! En raison de l’incompétence des élus du PLR et du MCG, dont des candidats à la mairie siègent pourtant en commission des finances, et de l’aveuglement de leurs alliés UDC et PDC (dont une candidate à la mairie siège pourtant en commission des finances), au moins 240 000 francs ont été gaspillés. C’est huit fois plus que les montants litigieux des notes de frais du Conseil administratif dénoncées par la Cour des comptes, lesquels montants litigieux venaient principalement du seul magistrat de droite.

Puisse le corps électoral s’en souvenir lors des élections municipales du 15 mars…

François Mireval  est conseiller municipal PS, Ville de Genève.

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