Initiative légitime
Des «règles trop rigide», qui vont «trop loin». Voilà ce que pense le Conseil fédéral de l’initiative de l’Asloca pour «Davantage de logements abordable». La lecture est stupéfiante au regard du texte soumis au vote le 9 février.
Demander de viser 10% de logement d’utilité publique dans les nouvelles constructions, notamment au travers de coopératives, reste en effet modeste au vu de la crise immobilière dont pâtissent les habitants des grandes agglomérations suisses. D’autant que le texte, peu contraignant, ne fixe pas – contrairement à ce que rabâchent les opposants – l’objectif pour chaque collectivité mais pour l’ensemble du territoire helvétique.
Et que dire de l’assertion gouvernementale: «Il existe déjà (…) suffisamment de logements de bonne qualité à des prix abordables»…? Il s’agit tout bonnement d’un déni total de la réalité de nombreuses familles, étudiants ou personnes âgées.
Ne nous laissons pas tromper par les mensonges des opposants. Ce qui hérisse la droite n’est autre que le principe même d’une régulation du marché de l’immobilier, un business particulièrement juteux.
Or, c’est bien le rôle de l’Etat d’établir quelques règles pour que les classes moyennes et populaires ne souffrent pas trop de l’appétit insatiable des spéculateurs. D’autant plus quand il s’agit d’un besoin aussi essentiel que le logement. Il est en effet largement prouvé que les prix de très nombreux appartements sont abusifs dans les grandes agglomérations. Que les loyers ne cessent d’augmenter depuis des années. Et ce, malgré la baisse régulière du taux d’intérêt de référence. Certains foyers y consacrent jusqu’à 40% de leur budget.
Dans ce contexte, l’intervention de l’Etat est non seulement légitime mais aussi nécessaire. A ce titre, le principal défaut que l’on peut reprocher à l’initiative de l’Asloca, est sa modestie.