Édito

Un espoir pour le climat

Un espoir pour le climat
En novembre 2018, des militants avaient occupé les locaux de Credit Suisse à Genève (ci-dessus), à Bâle et à Lausanne. KEYSTONE
Climat

La décision était attendue. Et elle a été courageuse. En acquittant les militants du climat, la justice constate que la désobéissance civile est nécessaire pour faire face au danger imminent que représente le réchauffement climatique. En tout cas lorsqu’elle est non violente et qu’il n’en résulte pas de dommage. Le procès des activistes pour violation de domicile s’est transformé en un procès des banques, de la place financière suisse et du gouvernement pour leur inaction face à l’urgence climatique.

Et le troisième pouvoir atteste que les mesures urgentes, nécessaires, ne sont pas prises. Pis, le gouvernement se contente de «déclarations lénifiantes» face au changement climatique, selon les mots du juge. Ce constat de la justice, qui repose sur une analyse froide des rapports du GIEC et des actions politiques, est glaçant. Mais il donne aussi un poids aux voix citoyennes qui sortent en masse dans la rue depuis maintenant une année.

La place financière suisse pourrait bien trembler, un peu. Le procès aura en tout cas eu le mérite de mettre les projecteurs sur l’impact désastreux des investissements dans les énergies fossiles. Ceux-ci représentent vingt-deux fois les émissions de gaz à effet de serre domestiques de la Suisse. Pourtant, le secteur financier est étonnamment absent de la révision de la loi sur le CO2, qui doit réaliser les engagements de la Confédération pour atteindre les objectifs des accords de Paris. Et les vagues déclarations de Credit Suisse sur des placements «durables» et son abandon du financement «spécifique» de nouvelles centrales à charbon ne sont que poudre aux yeux face aux milliards engagés chaque année dans les énergies fossiles.

Aujourd’hui, plus personne, pas même un joueur de tennis dépolitisé, ne peut ignorer les impacts de la place financière sur le climat. Grâce à la communication habile des activistes, la tenue du procès a fait le tour de réseaux sociaux et a retenti au-delà des frontières. La reconnaissance par la justice de l’urgence climatique et de son danger imminent donne un sursaut d’espoir pour un changement politique radical, qui doit avoir lieu dès maintenant et partout dans le monde. En Suisse, le verdict prononcé ce lundi à Renens donne le la pour les nombreux procès d’activistes du climat à venir. Il donne une légitimité à celles et ceux qui s’engagent pour assurer un avenir décent à l’humanité.

Opinions Édito Sophie Dupont Climat

Autour de l'article

Connexion