Édito

Trump menace la paix mondiale

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Vendredi 3 janvier 2020, le président américain s'exprimait sur l'Iran depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride. KEYSTONE
Etats-Unis/Iran

On se serait passés de cette nouvelle pour débuter la décennie 2020. Avec l’assassinat du peu recommandable général iranien Ghassem Soleimani par les Etats-Unis vendredi dernier en Irak, le risque d’une énième guerre au Moyen-Orient pointe le bout de son nez. L’attaque ordonnée par le président Donald Trump lui-même, illégale au regard du droit international, pourrait entraîner l’escalade la plus dramatique du conflit au Moyen-Orient depuis la dernière guerre en Irak et provoquer une recrudescence du terrorisme international.

Tout semble désormais indiquer que les Etats-Unis cherchent la confrontation armée avec l’Iran. Depuis sa dénonciation unilatérale de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, Donald Trump a multiplié les déclarations belliqueuses et les actes hostiles, entraînant des réponses militaires de l’Iran – comme la destruction d’un drone en juin dernier, voire l’attaque d’installations pétrolières saoudiennes en septembre. Le meurtre de ce week-end fait dramatiquement monter les enchères et risque de déboucher sur un conflit ouvert. Tout dépendra de la nature de la réponse de l’Iran.

Que cherchent véritablement les Etats-Unis? «Ce serait une erreur de voir quelque grande pensée géopolitique derrière les performances de Trump. Elles sont mieux expliquées par les actions d’un mégalomaniaque narcissique dont la doctrine est de se maintenir personnellement au pouvoir», estimait samedi l’incontournable professeur retraité du Massachusets Institute of Technology Noam Chomsky. Le déclenchement d’une nouvelle guerre donnerait en effet à Donald Trump la possibilité de faire diversion face à la procédure d’impeachment à son encontre et, en vue des élections de 2020, de montrer ses «muscles» face au «bad guys» pour draguer un électorat encore largement séduit par ce discours.

Au-delà, l’idée de l’administration Trump serait – de manière peu réaliste sans doute – d’en finir militairement avec la résistance de la République islamique à l’hégémonie des Etats-Unis dans la région. On se souvient que les deux tentatives majeures de contrôler l’Iran se sont soldées par un échec – le coup d’Etat contre Mohammad Mossadegh en 1953 et le soutien à Saddam Hussein (Irak) dans sa guerre meurtrière contre l’Iran (1980-1988).

Reste que l’Iran a énormément à perdre en réagissant par une riposte armée qui donnerait la possibilité à M.Trump de lâcher ses bombardiers. Même si l’armée iranienne dispose d’une capacité de nuisance considérable, elle ne fait pas le poids. Le péril pourrait alors se reporter encore une fois sur l’Irak, où les milices pro-iraniennes ont la capacité de lancer des contre-attaques d’ampleur contre les intérêts étatsuniens. Un scénario qui sonnerait probablement le glas, aussi, des mobilisations pacifiques actuelles contre la corruption du gouvernement irakien et pour le départ des deux envahisseurs. Bonne année!

Opinions Édito Christophe Koessler Etats-Unis/Iran

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