Jeunes voix inspirantes
La protagoniste phare de l’année 2019 aura indéniablement été la jeunesse. Celle, féminine, qui a fait grève en nombre le 14 juin dans toute la Suisse, aux côtés de ses aînées, pour exiger l’égalité. Celle des manifestations mondiales pour le climat, avec son lot de débrayages des pupitres. Celle des rues du Chili, qui remet massivement en question les vestiges constitutionnels, légaux et culturels de la dictature. Ou encore – la liste n’est pas exhaustive – celle du mouvement italien des Sardines, qui concentre sur les places des villes d’innombrables personnes désireuses de barrer la route au retour très décomplexé des idées brunes.
Ces mouvements ont en commun l’absence de leaders coordinateurs, mais ne manquent pas de figures inspirantes, évidemment, dont les plus percutantes sont indéniablement des femmes. A commencer par l’adolescente suédoise Greta Thunberg, qui a osé demander «How dare you?» à l’élite mondiale. L’histoire ne sera sans doute pas tendre avec ceux – masculins, de préférence blancs et au moins quadragénaires – qui préfèrent s’en prendre violemment à elle plutôt que de se remettre en question.
En Italie l’été dernier, c’est une autre jeune femme, cette fois allemande, qui a marqué les esprits. Aux commandes du navire Sea Watch 3, la capitaine Carola Rackete a forcé le blocus des ports instauré par Matteo Salvini, ce qui lui a valu une arrestation et des poursuites. Mais aussi l’admiration sans bornes de toutes celles et ceux qui ne peuvent concevoir qu’au XXIe siècle, des embarcations remplies d’êtres humains puissent couler dans la grande bleue.
Et puis, alors qu’une partie des démocrates étasuniens semblent résignés à s’en remettre à un très hypothétique impeachment pour battre Trump en novembre, c’est encore une femme qui donne de l’espoir à l’aile progressiste du parti. Plus jeune candidate jamais élue au Congrès, la New-Yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez n’a pas sa langue dans la poche et fustige capitalisme autant que système de santé ou inégalités. N’ayant pas les 35 ans révolus nécessaires pour être éligible à la Maison-Blanche, elle soutient le candidat le plus à gauche des primaires, Bernie Sanders.
Enfin, en France, ce sont les mots courageux de l’actrice Adèle Haenel qui ont secoué le milieu du cinéma et bien au-delà. Accompagnées d’une enquête de Mediapart, ses accusations d’attouchements et de harcèlement sexuel contre le réalisateur Christophe Ruggia, alors qu’elle était ado, ont relancé avec force le mouvement MeToo.
Au moment d’imaginer des vœux pour la nouvelle année, souhaitons que ces jeunes voix continuent à nous inspirer en 2020 – et se multiplient. Elles revendiquent une société égalitaire, solidaire et durable. Objectivement, le seul horizon viable pour l’humanité.