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Pacte manqué

Pacte manqué
Les chefs d'Etat européens réunis à Bruxelles, ce jeudi 12 décembre, afin de discuter des mesures à prendre face au dérèglement climatique. KEYSTONE
Climat

Aussi salutaire qu’insuffisant et trompeur! Les sentiments sont pour le moins mitigés devant le «Pacte vert pour l’Europe» proposé mercredi par la nouvelle Commission européenne. Transition énergétique accélérée, fonds d’investissements verts (100 milliards d’euros par an) et de solidarité avec les régions affectées (14 mia), économie circulaire, reboisement, retour du rail, défense de la biodiversité, agriculture paysanne, taxe écologique aux frontières, justice climatique… La cinquantaine de projets esquissés par l’exécutif de l’UE, qui doivent encore être âprement négociés avec les Etats, disent l’avancée des idées écologistes, voire altermondialistes, à mesure que se renforce la pression de la rue et des urnes.

Mais, s’il a le mérite d’acter l’objectif de sortie progressive de l’économie carbonée, le plan fait semblant d’en ignorer l’urgence. Ainsi, en fixant 2050 comme horizon de la «neutralité climatique», la commission élude les avertissements des scientifiques qui prédisent un dérèglement irréversible dès 2030. Un déni révélateur de la part d’un establishment d’habitude si prompt à invoquer la raison et la science comme mesure et solution ultimes à tous nos maux.

Plus grave encore: bonne part de l’effort annoncé sera cosmétique, puisque l’achat de «droits d’émission» de gaz à effet de serre est intégré au projet et continuera de permettre aux Européens de fuir leurs responsabilités. Et même d’engranger de succulents bénéfices en spéculant sur le marché du CO2.

Trop timoré pour répondre au défi climatique, le «Green Deal» paraît plus crédible quand il se présente comme une source de croissance future pour l’économie du continent. Forcé d’anticiper l’inévitable virage écologique global, le secteur privé européen en tirerait rapidement des avantages concurrentiels. De quoi «doter l’UE d’une économie moderne», «dans laquelle la croissance économique sera dissociée de l’utilisation des ressources», plastronne le document, afin de retomber sur ses pattes.

Produire et consommer toujours plus mais sans impact sur l’écosystème planétaire? Une chimère que même la prudente Agence européenne de l’environnement (AEE) balaie dans son dernier rapport ! On comprend que les adeptes d’une telle pensée magique aient de la peine à écouter les scientifiques.

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