Édito

Un sacré tournant inclusif

Un sacré tournant inclusif
PIXABAY / CC
mariage pour tous

C’est un pas important qu’a franchi, jeudi, l’Eglise protestante de Genève (EPG) en autorisant la bénédiction des unions civiles de couples de même sexe. Les délégués du parlement de cette Eglise ont même surpris en plaçant cette bénédiction sur le même plan que celle proposée aux couples hétérosexuels.

Les réformés genevois, qui ont par deux fois refusé cette évolution en 1992 puis en 2006, auront mis du temps à enfin tenir compte de la réalité des familles arc-en-ciel. Mais si ce progrès vient tard, la position genevoise est plus ambitieuse et réjouissante que, par exemple, dans le canton de Vaud où l’Eglise, face au profond clivage suscité par la question de l’homosexualité, a instauré une «cérémonie» se distinguant de la bénédiction pour les couples hétéros.

L’EPG s’est aussi distinguée de la société suisse qui a instauré un mariage au rabais, soit le partenariat enregistré. Alors que le mariage pour tous, accepté par une commission du Conseil national, sera discuté par les Chambres, voilà que l’EPG se montre plus progressiste. C’est remarquable et cela devrait faire réfléchir ceux qui voient les religions uniquement comme des institutions conservatrices, voire rétrogrades.

Sur ce thème, c’est bien sûr malheureusement vrai des Eglises catholique, évangélique ou encore orthodoxe, figées sur une homophobie doctrinaire qui tente, hypocritement, de se camoufler derrière la volonté d’un accueil des homosexuels à qui on demande l’abstinence. Un accueil à moitié et une tolérance qui confine à l’exclusion. On attend autre chose d’Eglises et de croyants qui n’ont que le mot amour à la bouche.

En ayant créé un ministère LGBTI et en reconnaissant pleinement les familles arc-en-ciel, l’Eglise protestante de Genève n’a pas cédé à une «mode», mais ouvert les yeux sur une discrimination insupportable.

Bien sûr, l’égalité n’est pas entière puisque les pasteurs réticents pourront refuser la bénédiction. De même, l’Eglise précise que celle-ci n’engage pas de la même manière la filiation. Comme si concevoir un enfant ne résultait que d’un acte sexuel et d’une question de biologie… Pas de quoi, toutefois, entamer l’enthousiasme face au tournant inclusif de l’EPG.

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