Édito

La gauche au défi de la Catalogne

La gauche au défi de la Catalogne
Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrier espagnol) et Pablo Iglesias (Unidas Podemos) se sont engagés mardi à former le premier gouvernement de coalition depuis la République. KEYSTONE
Espagne

Le message des urnes a porté: le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Unidas Podemos (UP) se sont engagés mardi à former le premier gouvernement de coalition depuis la République. Un exécutif «résolument à gauche», pour autant – et ce ne sera pas une mince affaire – que Pedro Sánchez et Pablo Iglesias parviennent à convaincre vingt et un députés d’autres partis de voter l’investiture. Si treize élus de petites formations paraissent acquis, les faux centristes de Ciudadanos ont d’ores et déjà décliné l’offre.

Et les souverainistes catalans, qui avaient permis la première investiture de M. Sánchez, se montrent désormais des plus froids.
Reste cet accord de principe historique et l’embrassade appuyée des deux dirigeants progressistes. Ce qui semblait donc impossible avant le 10 novembre – la présence de ministres de la gauche radicale – au point d’ôter le sommeil à Pedro Sánchez est devenu objectif commun, en moins de vingt-quatre heures de négociation. La montée de l’extrême droite et la démobilisation d’une frange de l’électorat de gauche ont dessillé quelques yeux. L’Espagne n’est pas passée loin d’élire une majorité très conservatrice – avec Vox dans la bergerie.

Le menu de cet hypothétique exécutif est copieux et l’ordre des priorités ambitieux: lutte contre la précarité et la discrimination sur le marché du travail, plan anticorruption, défense des services publics (éducation, santé, social), droit au logement, revalorisation des retraites, transition écologique, soutien aux PME et à l’agriculture, réindustrialisation, légalisation de l’euthanasie, égalité hommes/femmes. Le tout en assurant l’équilibre des comptes publics et la justice fiscale!

Parent pauvre du programme: la Catalogne. La région en crise doit se contenter de quelques formules creuses. Le référendum d’autodétermination, cher à UP et à une majorité des Catalans, n’est même pas mentionné.

Or, le beau projet exposé mardi aura besoin de l’abstention d’une partie des vingt-trois souverainistes catalans et des cinq basques élus au parlement de Madrid pour prospérer. Et ce n’est pas affaire de seule arithmétique: aucun gouvernement ne pourra mener un projet ambitieux pour l’Espagne sans affronter pour de bon la question plurinationale.

Opinions International Édito Benito Perez Espagne

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