Édito

L’heure de trop

L'heure de trop
Les électeurs ont rejeté ce dimanche l’ouverture prolongée des commerces jusqu’à 19 heures. Le non l’a emporté avec 52, 28 % des voix contre 46, 68 % de oui, avec un taux de participation de 36, 04 %. KEYSTONE
Nyon

Les magasins n’ouvriront pas une heure de plus le samedi à Nyon. Les électeurs ont rejeté ce dimanche l’ouverture prolongée des commerces jusqu’à 19 heures. Le non l’a emporté avec 52, 28 % des voix contre 46, 68 % de oui, avec un taux de participation de 36, 04 %.
Malgré un score serré et une faible mobilisation des votants, les Nyonnais ont refusé de sacrifier les conditions de travail et la qualité de vie du personnel de vente au nom de la commodité des consommateurs, du profit et de la concurrence.

Le message est clair: sauver les commerces de proximité ne se fera pas sur le dos des vendeurs et vendeuses, qui travaillent déjà dans des conditions précaires.

Et ce n’est pas la première fois que des électeurs en Suisse disent non sur ce point. Bâle-Ville et le canton de Fribourg ont déjà tenté le coup. Et à plusieurs reprises. Mais en vain. La population ne veut pas d’une extension des horaires le week-end, sauf cas exceptionnel. A Genève par exemple, les commerces pourront ouvrir trois dimanches par an. Autre cas de figure: Vevey. En raison de la Fête des Vignerons, les boutiques ont pu fermer à 20 heures du lundi au samedi. Mais ces refus montrent une chose: il ne s’agit pas d’un réel besoin ou d’une absolue nécessité.

Inégalités femmes-hommes

Nyon veut sauver ses commerces de proximité, c’est louable, mais il faudra penser à d’autres stratégies, surtout que la ville entre dans une période de mutation urbanistique. Si la vente en ligne et le tourisme d’achat en France gagnent du terrain, ce n’est pas en faisant pression sur les plus précaires d’entre nous que le problème se résoudra. Autre point essentiel: les femmes auraient été les plus lésées dans l’histoire, car elles sont plus nombreuses dans le secteur de la vente.

Pour leur faire avaler la pilule, des compensations – notamment la généralisation des cinq semaines de vacances ou encore un congé maternité de seize semaines payé à 80 % – étaient prévues en cas d’horaire prolongé. Sauf que l’augmentation du temps de travail ne les aurait pas arrangées. Au contraire, cela ne peut qu’accentuer des inégalités entre hommes et femmes. Car les femmes sont, hélas, encore majoritairement en charge de l’organisation familiale.

Au-delà de la question égalitaire, le droit des travailleurs ne devraient jamais être une monnaie d’échange. Avoir droit à un allongement du congé maternité contre une heure de plus de travail n’est pas envisageable. C’est un droit fondamental qui devrait être garanti, pas négocié.

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