Georges Abdallah, le plus vieux prisonnier politique d’Europe
En 1982, à la suite de l’invasion du Sud-Liban par l’armée israélienne, les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) revendiquent les assassinats de deux agents des services secrets étasuniens et israéliens. Arrêté à Lyon en 1984, Georges Ibrahim Abadallah, combattant communiste libanais et cofondateur des FARL, purge depuis lors une condamnation record.
Georges Ibrahim Abdallah est né le 2 avril 1951 à Kobayat, dans le nord du Liban, au sein d’une famille chrétienne maronite. Il débute sa carrière d’enseignant dans un village de la plaine de la Bekaa au début des années 1970. C’est dans cette région pauvre du nord du Liban qu’il va se forger politiquement, à travers ses frères et au contact des camps de réfugiés palestiniens au Liban. Son engagement le conduit naturellement à rejoindre les rangs du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) en 1971. Dans les camps de réfugiés palestiniens qui, pour beaucoup, sont des bases d’entraînement et de formation politique, Georges croise de nombreux révolutionnaires arabes, européens et américains. Il y fait montre d’un engagement sans faille et est rapidement promu, devenant ainsi proche de Wadie Haddad, alors responsable des opérations extérieures du FPLP.
Conférence
Le 26 septembre à Uni-Mail, Genève, une conférence sur l’affaire Georges Abdallah, rattachée à l’actualité de la Palestine, et plus particulièrement à la situation des prisonnier-ère-s palestinien-ne-s, est coorganisée par le collectif Palestine Vaincra, le Secours Rouge Genève, l’Atelier-Histoire en mouvement et la CUAE. Il sera question du rôle de l’enfermement dans le système colonialiste israélien et du rôle des prisonnier-ère-s palestinien-ne-s dans la résistance. Jeudi 26 septembre, Uni-Mail, salle MS050, 19h30.
En 1980, il participe à la création des Fractions armées révolutionnaires libanaises, une organisation communiste et anti-impérialiste qui se donne pour but d’attaquer les intérêts impérialistes et sionistes dans le monde entier. Les FARL revendiquent en 1982 les exécutions, à Paris, du colonel étasunien Charles Ray et du secrétaire à l’ambassade d’Israël Yakov Barsimantov. Ces deux diplomates se révèlent être deux agents des services de renseignement en mission sur le territoire français.
Le 24 octobre 1984, Georges Abdallah est arrêté à Lyon pour détention de vrais-faux papiers d’identité (un passeport délivré par les autorités algériennes) pour laquelle il sera jugé en 1986. Cette même année, des attentats faisant de nombreuses victimes (13 morts et plus de 300 blessés) sont commis à Paris. Ils sont revendiqués par le CSPPA (Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes) qui exige la libération d’Anis Naccache, de Varoujan Garbidjian et de Georges Abdallah. C’est dans ce contexte, alors que ce dernier est incarcéré depuis plus d’un an, que la Direction de la surveillance du territoire (DST) annonce la «découverte» d’une arme dans un appartement loué à son nom, arme qui aurait été utilisée dans les attentats contre le colonel Ray et l’agent Barsimantov.
En mars 1987, la France juge donc une seconde fois Georges Abdallah sur la base de cette saisie miraculeuse et le condamne à perpétuité. A l’occasion de ce procès, les Etats-Unis se portent partie civile et exercent des pressions diplomatiques directes sur le gouvernement français.
Libérable d’après le droit français depuis 1999 – date à laquelle il a purgé sa peine incompressible –, Georges Abdallah est maintenu en prison malgré ses huit demandes de libération, toutes refusées. Soucieuse de préserver ses intérêts au Moyen-Orient, la France le maintient en détention car il refuse de renier son engagement de combattant communiste. Même derrière les barreaux des prisons françaises, Georges Abdallah continue le combat, solidaire des luttes sociales en cours en France et dans le monde. Il se tient également aux côtés des prisonniers palestiniens, témoignant de son entière solidarité, comme il a pu le faire récemment avec Ahmad Saadat.
Le 24 octobre 2019, Georges Abdallah aura purgé trente-cinq ans de prison.
* L’association L’Atelier-Histoire en mouvement, à Genève, contribue à faire vivre et à diffuser la mémoire des luttes pour l’émancipation des peuples opprimés, des femmes et de la classe ouvrière, info@atelier-hem.org
** Le Secours Rouge Genève a pour but de construire une solidarité avec les militant-e-s et prisonnier-e- révolutionnaires qui subissent l’oppression bourgeoise ici et ailleurs dans le monde, www.facebook.com/SecoursRougeGE