Suisse

Rififi entre partenaires sociaux

Après le succès de la grève du 14 juin, l’Union syndicale suisse exige une hausse de 2% des salaires et un rattrapage pour les femmes.
Rififi entre partenaires sociaux
«La mobilisation des femmes le 14 juin est une conséquence des difficultés du quotidien, affirme Pierre-Yves Maillard. Si rien ne bouge, leur colère ne faiblira pas.» KEYSTONE
Égalité salariale

Il y a des choses qui ne changent pas. Chaque année en automne, les syndicats réclament une hausse généralisée des salaires et les milieux patronaux rétorquent que le niveau des rémunérations doit se négocier de façon décentralisée en tenant compte du résultat de chaque branche. Cette année ne déroge pas à la règle, si ce n’est que le contexte a évolué.

Outre une augmentation de 2% des salaires, l’Union syndicale suisse (USS) s’est appuyée vendredi sur le succès de la grève du 14 juin pour exiger un rattrapage salarial substantiel pour les femmes. Par contre, les milieux patronaux mettent la pédale douce en invoquant le ralentissement de l’économie mondiale.

Rumeurs de récession

Selon la faîtière syndicale, les rumeurs de récession qui circulent actuellement sont en grande partie exagérées en ce qui concerne la Suisse. Elle estime que les affaires restent globalement positives même dans l’industrie où le ralentissement de la conjoncture internationale se fait pourtant sentir.

«Les firmes industrielles tablent à nouveau pour ces prochains mois sur une légère croissance des exportations», affirme Daniel Lampart, premier secrétaire de l’USS. Pour le président Pierre-Yves Maillard, «le meilleur moyen de relancer durablement l’économie est de redistribuer du pouvoir d’achat à la population. Dans un pays qui a connu ces deux dernières années une croissance économique forte mais une diminution des salaires réels, il y a une marge de manœuvre pour augmenter les salaires.»

Les patrons réfutent

Marco Taddei, responsable romand de l’Union patronale suisse, ne fait pas la même lecture. «L’indice PMI des directeurs d’achat est aujourd’hui à son plus bas niveau depuis juillet 2009, souligne-t-il. Le contexte international est très défavorable. Il n’est que de penser au Brexit, au conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis ainsi qu’à l’issue incertaine de l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE pour s’en rendre compte.» Le président d’Economiesuisse Heinz Karrer a fait le même constat à l’occasion de la journée de l’économie qui a eu lieu hier à Zurich.

Selon Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, les femmes gagnent en moyenne 657 fr. de moins par mois que les hommes.

Marco Taddei réfute aussi l’accusation de baisse des salaires, mais il ne prend pas en considération la même période que les syndicats. «Entre 2008 et 2018, les salaires tant nominaux que réels ont augmenté en moyenne d’un pour cent par année», note le représentant de l’Union patronale. Mais si l’on se réfère seulement aux années 2017-2018 comme le fait l’USS, les données de l’Office fédéral de la statistique indiquent une baisse des salaires réels de 0,5%.

Quoi qu’il en soit, les salaires féminins restent à la traîne. Selon Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, les femmes gagnent en moyenne 657 fr. de moins par mois que les hommes. «Une augmentation d’au moins 50 francs pour chaque femme représenterait un pas en direction de l’égalité salariale, dit-elle. Dans les entreprises qui versent des salaires féminins particulièrement bas, nous demandons davantage. Dans l’industrie agroalimentaire et l’industrie des machines, nous réclamons 200 francs de plus pour toutes les femmes qui ont un salaire inférieur à 4000 francs.»

«Difficultés du quotidien»

L’USS souligne que ces hausses doivent s’ajouter à l’augmentation salariale générale de 2% qui profiterait à tous les employés. «La mobilisation des femmes le 14 juin est une conséquence des difficultés du quotidien, affirme Pierre-Yves Maillard. Si rien ne bouge, leur colère ne faiblira pas.» LA LIBERTÉ

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